Nom : Narcejac
Prénom : Thomas
Membre depuis : 1969-1998
(Pierre Ayraud, dit) Issu d'une famille d'officiers de Marine, fils d'un armurier, la perte accidentelle d'un ceil et une grave maladie l'empêchent de devenir marin. Élève au collège de Saintes, il passe son agrégation de philosophie et est nommé professeur de lettres à Troyes, Aurillac, puis au lycée Clemenceau de Nantes (1945) où il termine sa carrière en 1967. A la Libération, il écrit quelques romans policiers, tel L'Assassin de minuit, des pastiches de Simenon, Conan Doyle et Leblanc, ainsi que des romans inspirés par la mer comme Liberty ship, Une Seule Chair, Le Grand Métier, La Mort est du voyage (1948) pour lequel il obtient le grand prix du Roman d'aventures. Un pamphlet, La Fin d'un bluff, essai sur le roman policier noir américain (1949), lui vaut une polémique avec Marcel Duhamel, directeur de la Série noire. Dans l'essai Esthétique du roman policier (1947), il analyse l'oeuvre de Pierre Boileau (Paris 1906 - Beaulieu-sur-Mer 1989) qu'il rencontre bientôt : c'est le début d'une collaboration de près de quarante ans. Sous le pseudonyme de Boileau-Narcejac (Narcejac, du nom du village de la commune de Saintes où, enfant, il pêchait), ils publient 43 romans dont Et mon tout est un homme, prix de l'Humour noir en 1965, une centaine de nouvelles, plusieurs livres pour la jeunesse (les Sans atout), quelques contes, des pastiches d'Arsène Lupin (prix de la critique pour Le Secret d'Eunerville, en 1974) ainsi qu'une autobiographie, Tandem ou 35 ans de suspense (1986). Après Les Eaux dormantes (1983), Pierre Boileau est empêché d'écrire par la maladie; Thomas Narcejac continue seul et fait paraître, sous le même pseudonyme, plusieurs titres, tels Le Bonsaï (1989), Le Soleil dans la main (prix Paul Féval 1990), La Main passe (1991), Les Nocturnes (1992). L'intégrale de leur oeuvre commune est aujourd'hui disponible dans la collection Bouquins. Les auteurs conçoivent les livres en se répartissant ainsi la tâche : Boileau se charge du plan, tous deux travaillent l'intrigue, Narcejac étoffe les personnages et écrit. Ils inventent le « roman de mystère » qui veut renouveler le genre policier en privilégiant la victime plutôt que l'enquêteur, comme chez Conan Doyle et Agatha Christie, ou le criminel, comme dans le roman noir. Chez Boileau-Narcejac, le suspense repose sur des situations à la frontière du fantastique, puis dans les années 1970, sur des phénomènes de société. Leurs romans sont édités dans de nombreux pays d'Europe, d'Amérique du nord et du sud, ainsi qu'au japon. Certains sont adaptés par des cinéastes de renom tels Clouzot en 1954 (Celle qui n'était plus, rebaptisé Les Diaboliques), Hitchcock en 1957 (D'entre les morts devenu Vertigo) ou Henri Decoin (Maléfices). Ils sont aussi scénaristes d'histoires radiophoniques pour Radio-Luxembourg et France-Inter, de films et de feuilletons de télévision (Les Survivants, Malican père et fils), de films de Georges.Franju (Les Yeux sans visage en 1959, Pleins Feux sur l'assassin en 1961), d'Edouard Molinaro (Un Témoin dans la ville), de Georges Rouquier (Sos Noronha) ou de Gérard Oury. Thomas Narcejac prolonge sa réflexion sur l'évolution du roman policier dans Le Roman policier (1964), Une Machine à lire : le roman policier (1975) et Quarante Ans de suspense (1994. Critique littéraire dans les années 1960, à L'Express et aux Nouvelles littéraires, il crée l'Académie de Bretagne et appartient à l'Académie de Saintonge (d'après la notice établie par Frédéric Morin).
Membre de l'Académie de 1969 à 1998.