Réception de Francette Joanne

Madame, en dehors de ce cadre un peu solennel, vous ne manqueriez pas de me réprimander avec votre gentillesse habituelle et de me faire observer, comme à l’ordinaire, que vous portez le prénom de Francette, et qu’il est seul autorisé. Mais c’est l’Académie de Saintonge qui vous reçoit aujourd’hui. Où irait le monde si des institutions aussi vénérables que la nôtre ne respectaient pas scrupuleusement les formes, rites et traditions ?
Des liens anciens vous attachent à cette compagnie ; vous avez beaucoup travaillé avec ses directeurs et entretenu avec eux des relations d’amitié qui ont marqué votre carrière d’érudite : le chanoine Tonnellier, Jean Glénisson et François Julien-Labruyère.
Vous avez beaucoup connu le premier quand il était curé de Saint-André-de-Lidon et se passionnait pour l’art roman et l’histoire en général. On le dirait aujourd’hui spécialiste du patrimoine l’Académie de Saintonge lui doit beaucoup puisqu’il a été un de ses membres fondateurs et son premier directeur au soir de la IVe République, en 1957 et 1958. C’est vous qui avez pris la peine d’ordonner ses notes pour en tirer un ouvrage, Au pays de Saintonge, d’abord consacré à cette paroisse de Saint-André-de-Lidon qu’il aimait tant, et d’une façon plus générale à votre pays de Gémozac. Il vous a engagée sur une voie que vous n’avez plus quittée ; après lui, vous avez étudié les églises saintongeaises – du moins celles que les huguenots n’ont point détruites ! – et l’art religieux en général, vous continuez fidèlement l’oeuvre qu’il avait entreprise.
Il est un autre directeur sur lequel je voudrais insister parce qu’il est notre ami commun, notre maître, qu’il a joué un rôle déterminant dans le départ de nos recherches respectives, et qu’il devrait se trouver à la place que j’occupe en cet instant, il s’agit de Jean Glénisson. Tout a commencé au printemps 1973, il y a une éternité déjà. Alors directeur en exercice de l’Institut de recherche et d’histoire des textes au CNRS, il avait conçu le projet d’une vaste exposition intitulée Jonzac, un millénaire d’histoire, qui se proposait tout à la fois de présenter au public les documents les plus exceptionnels et de lui donner un épais catalogue, devenu depuis une référence et l’ébauche de l’histoire de la ville. Votre équipe qui regroupait aussi Jacques Gaillard et Jean Barbotin, n’était pas complète, vous aviez besoin d’un rédacteur pour la partie consacrée à la Révolution. J’ai vu arriver une jeune femme enthousiaste, qui m’a appris qu’elle s’appelait Madame Joanne, qu’elle était l’épouse de notre député et qu’elle me demandait d’assumer une part de la tâche commune. J’ai hésité puis accepté, et je ne l’ai jamais regretté, d’abord parce que je suis alors entré en contact avec Jean Glénisson, ensuite parce que j’ai rencontré un autre Jonzacais qui, lui, n’avait que des défauts : le prêtre Jacques-Alexis Messin, le vicaire de la paroisse, l’homme qui a terrorisé ses concitoyens pendant plusieurs années et réussi à envoyer à la guillotine le prieur qui l’avait engagé et ceux qui, au cours des années 1770-1780, avaient osé critiquer la liaison scandaleuse qu’il entretenait avec Marie-Marguerite Collet, la bru du juge sénéchal.
Vous étiez chargée du XVIe siècle, plus particulièrement de l’implantation du protestantisme. Vous nous avez appris que Jonzac avait abrité une communauté huguenote nombreuse et active. Parmi les textes présentés dont nous aurions sans doute du mal à obtenir le prêt aujourd’hui, je conserve le souvenir de ce gros registre du parlement de Bordeaux ouvert au folio 396 et à la date du 21 juillet 1542 sur un arrêt qui condamnait vigoureusement l’indignité des moines de Sablonceaux, Pleine Selve et La Tenaille. Ce registre, je l’ai depuis entièrement dépouillé ; j’aurais eu, en 1973, bien du mal à en déchiffrer un seul mot. Mais Jean Glénisson ne m’a-t-il pas montré que la paléographie n’exigeait qu’un peu de persévérance ?
Ces protestants que vous connaissez bien, vous n’avez jamais cessé de vous intéresser à eux. Faut-il rappeler la part que vous avez prise en 1985 dans l’organisation d’une autre exposition relative au Protestantisme à Barbezieux, dans le cadre de la commémoration de cette triste décision que fut la Révocation de l’édit de Nantes ? Ne convient-il pas aussi d’évoquer le chapitre que vous avez achevé dans le cadre de l’ouvrage collectif que dirige Francine Ducluzeau, la responsable des Archives départementales de la Charente, et que les éditions du Croît vif devraient bientôt publier ?
Mais vous n’avez pas fait vos preuves dans la seule contemplation du passé. Vous intéressez aussi vos lecteurs au temps présent. Fille d’un maire de Gémozac, épouse d’un député de Charente-Maritime, aussi conseiller général du canton de Montlieu et maire de Chevanceaux (dans le Petit-Angoumois, rappellons-le), vous savez depuis toujours qu’un élu doit s’impliquer dans tous les problèmes de sa circonscription. Vous avez suivi cette voie, et je crois que le chanoine Tonnellier aurait été fier de son élève. Comme le fait remarquer notre directeur dans son Alambic de Charentes, vous participez à « plusieurs commissions régionales et départementales ayant trait au patrimoine » : commission des sites du département et commission des objets mobiliers, vous militez aussi pour la sauvegarde et la mise en valeur de notre patrimoine. La Fondation de France financée par le Crédit agricole vous a aussi permis d’encourager diverses initiatives. Et je voudrais insister sur l’association « Horizon-Bois-Forêt » dont vous assurez la vice-présidence avec la compétence, la rigueur et le dynamisme que j’ai déjà soulignés.
Cette association s’est fixé pour ambition légitime de sauver du déclin et de la mort cette Saintonge méridionale, en apparence déshéritée, désertée, éloignée de La Rochelle, pour tout dire abandonnée. La forêt est son atout qu’il convient de valoriser et de faire connaître dans tous les domaines. Évoquons les particularités culturelles de cette Double saintongeaise, puisqu’il n’est pas superflu de rappeler que vous vous passionnez pour l’étude des mentalités, et plus particulièrement des attitudes religieuses. Feuilletons le tome I des Coutumes en Charente-Maritime, publié en 1991, en collaboration avec d’autres chercheurs, dont notre directeur intéressé par les célibataires de La Genétouze. J’ai relu ce chapitre écrit en collaboration avec Bernadette Jolibois et Jean-Louis Neveu, consacré à ces « girouettes tricolores » qu’on trouve au sud de Villexavier. Je suis sûr que vous y avez pris un intérêt particulier puisque vous l’avez dédié à Raoul Latreuille, votre père, « élu sans girouette, maire de Gémozac de 1943 à 1977 ». Je connaissais ces girouettes et ces « piniers » érigés au pays de mes ancêtres paternels, tant à Mérignac qu’à Boresse-et-Martron. « Ces girouettes d’élus, dites-vous, ne se voient que dans le sud du département.
Expression de l’honorabilité, la pose de la girouette est toujours un prétexte pour boire, manger et se réconcilier parfois. Elles animent les communes après chaque élection municipale. » Vous n’avez pas omis de remarquer que cette coutume très spécifique demeure vivace dans un pays de tradition radicale, c’est-à-dire très anti-cléricale. J’y verrais volontiers un signe de dérision, le rappel du temps des seigneurs, au moins aussi impopulaires dans cette région que les représentants du clergé : le maire, choisi par la population, n’est-il pas le détenteur du pouvoir local, à la place du hobereau détesté, et comme tel ne mérite-t-il pas cette girouette, symbole de la noblesse, qui ornait jadis la cour du manoir ?
La défense de ce qu’on appelle maintenant la ruralité n’est pas pour vous une seule préoccupation de l’esprit. Vous avez su conserver des attaches très concrètes avec notre terre saintongeaise : la taille de vos vignes, la culture plus récente des kiwis, n’ont point de secrets pour vous, pas plus que les difficultés financières de nos campagnes. Cette rigueur intellectuelle, cet amour de notre province, ces activités diverses ne pouvaient laisser indifférente l’Académie de Saintonge qui s’honore de vous accueillir aujourd’hui. Aucune recherche de cette parité ou de ces quotas qui sont à la mode depuis peu ne l’a guidée ; elle a seulement voulu distinguer la meilleure.

(En découvrant le texte de réception à l’Académie de Francette Joanne, je me suis dit que nous aurions dû lui élever une girouette, comme dans la tradition du sud saintongeais. Puis à y réfléchir, cette girouette existe déjà, elle est représentée par la tour d’observation des incendies qui jouxte la Maison de la forêt à Montlieu. Je ne saurais trop recommander à toute l’assistance d’aller visiter cette maison et sa girouette, ce sera le plus efficace des soutiens à l’action de Francette Joanne. François Julien-Labruyère)

Hommage à Jean Pastreau par Francette Joanne

(Pour avoir longuement connu Jean Prasteau et avoir apprécié son talent d’homme des médias et sa langue d’écrivain-né, notamment dans son superbe Charentes et merveilles, je suis à peu près certain qu’il aurait souscrit entièrement à ce que je disais à l’instant sur les évolutions imprévisibles de l’identité régionale. Il vous revient, chère Francette Joanne, et ce sera votre dernier examen de passage, de rendre hommage à votre prédécesseur. Je sais que cette rencontre avec Jean Prasteau fut pour vous une leçon de style et d’attachement à la Saintonge. François Julien-Labruyère)Il était une fois Jean Prasteau…

Monsieur le Directeur, Mesdames et Messieurs,

Quiconque a abordé Pauvre de Jean Prasteau à la succession de qui vous me faites l’honneur de m’appeler a été saisi par toute la vie qui en émane. Cet homme que je n’ai pas eu la chance de connaître mais que je perçois à travers ses ouvrages, toujours présent, permettez-moi de m’adresser directement à lui, non pas comme à une ombre, mais au contraire comme à un vivant sourire, à un regard malicieux. Par une fiction que chacun comprendra, l’entretien se passe au milieu des pins et de la bruyère, près des sources de la Seugne et de la forêt de Bussac, à l’ombre des vieux bâtiments à colombages de La Barde, l’entretien se déroule à la Maison de la forêt à Montlieu-La-Garde.

F.J -Monsieur, vous venez de recevoir le prix Cazes du fameux cénacle littéraire de la brasserie Lipp dont vous êtes un familier, pour votre livre Les Grandes Heures du Faubourg Saint-Germain. Nous vous savons discret, voire secret, et votre aimable modestie va sans doute s’accommoder malaisément des questions qui vous obligeront à parler de vous. Veuillez donc pardonner, Monsieur, mon insistance toute confraternelle et notre curiosité. Ce prix très parisien couronne une partie de votre oeuvre consacrée à Paris et ses environs. Les Heures enchantées du Marais, Paris, ses places, ses jardins, Il était une fois Versailles, les Îles de Paris, et même Un voyage insolite dans la banlieue de Paris, ainsi qu’un livre en préparation sur le Louvre sont autant de reportages dans des lieux que vous aimez et aussi à travers les siècles. D’où vous vient cette capacité à saisir les choses et les êtres, à les décrire avec tant d’élégance pour nous les faire partager avec tant de générosité ?

J.P -Les techniques s’apprennent par la fréquentation des auteurs et la pratique journalistique acquise depuis 1948 au Figaro, comme journaliste littéraire, puis comme grand reporter. Bibliothèques et cabinets sont utiles aussi pour acquérir les connaissances indispensables à un reportage rigoureux dans l’Histoire, mais c’est par la sensibilité -me semble-t-il- que le monde s’apprend.

F.J -Vous avez magnifiquement évoqué nos pays d’Ouest, tant insulaires que continentaux. Vous vous y révélez beaucoup mieux que spectateur, mais, si je puis dire, comme partie prenante, et pourtant à la différence de tant de témoins, de visiteurs, vous vous effacez du paysage, au point que l’on ne trouve presque jamais sous votre plume le je ou le moi, tout au plus le nous. Mais ce nous, certes saintongeais, est plus universel que personnel. Nous sentons avec vous et vous nous unissez à votre compréhension. Quel est votre secret ?

J.P -Oh ! secret, c’est beaucoup dire. Parlons plutôt de méthode et de goût. Je ne pratique pas l’introspection, cela n’intéresserait personne. Baigné dans le paysage, je m’efforce de le capter à la place de mon lecteur. Le reste est du métier et c’est en rédigeant qu’on devient rédacteur.

F.J -Vous êtes entré presque en même temps au Figaro et à la revue Pays d’Ouest. Ce double choix ne marque-til pas votre double vocation de Parisien et de Charentais ?

J.P -Né à Paris par hasard, les moments heureux de mon enfance, je les ai passés dans ma famille paternelle en Aunis, à Surgères, à Aytré et à Châtelaillon où nous revenions chaque saison de vacances. J’ai eu une « jeunesse chaulée, aux volets verts, à l’odeur d’absinthe, bercée par le concert des grenouilles la nuit dans les marais ». Cette province de l’Ouest, celle de mon enfance, je l’ai gardée en moi toute ma vie. À Paris, c’est donc tout naturellement que je rejoignis l’équipe de la revue Pays d’Ouest devenue ensuite les Cahiers de l’Ouest qui, comme vous le savez, était la revue du Poitevin et du Charentais de Paris. Là, avec Jacques Chardonne, Pierre Moinot, Serge Groussard, Maurice Rat, Maurice Fombeure, Jean et Jérôme Tharaud, j’avais la charge de la rédaction. Nous étions tous animés d’une profonde ardeur régionaliste et sommes devenus, à notre manière, des militants du développement économique et culturel des Charentes et du Poitou, pour faire connaître la beauté de nos provinces de l’Ouest, à une époque où le tourisme commençait à se développer.
Au Figaro s’ouvrait devant moi le métier de grand reporter. Ma vocation n’était sans doute pas de suivre l’actualité sur le vif, et particulièrement sur les désastres, les éruptions et les guerres, les grandes inondations ou les séismes, les mariages royaux ou les fortunes de mer. On peut s’intéresser aux événements, s’amuser des conversations lettrées et piquantes, admirer les belles filles mais être plutôt attiré par le permanent, le mystère, l’harmonie et la nature ; partir à la rencontre d’un être, à travers une oeuvre, dans l’imaginaire d’une âme. La vie n’est-elle pas faite de rencontres ? Et curieusement, avec le recul, il est amusant de voir qu’un des tout premiers articles paru dans Pays d’Ouest était à la fois une critique sévère de l’intelligentsia parisienne et un hommage à Pierre Loti; ce reporter un peu particulier, mais si charentais qu’on a pu écrire « qu’il y aura toujours une Saintonge et une Aunis de Loti ».

F.J -Parisien et « figaresque », il vous arrive d’ironiser sur « des ridicules banquettes vertes du Palais Mazarin et de l’incroyable et traditionnel défilé des vieillards moroses au son des tambours de la Garde républicaine, des messieurs du Montana, du Pont-Royal ou du Flore, enfin des gens de lettres amateurs de petits fours »… Mais vous êtes maintenant académicien de Saintonge, avec un fauteuil vert, et vous allez, lors de nos réunions annuelles, déguster nos petits fours. Qu’est-ce qui vous a converti ? Est-ce l’âge ?

J.P -Du haut de mes vingt-sept ans, je m’étais alors amusé à parler dans des lettres de Paris, signées Eutrope « cagouillard parisien contre sa volonté » et adressées à Eustelle, je m’amusai à relater une institution qui prend dans les milieux littéraires une importance bien plus considérable que les. séances sous la coupole : le cocktail littéraire. Et j’ai le souvenir de celui offert par Jean Duché à l’occasion du baptême de son nouveau livre L’Histoire de France racontée à Juliette, où l’hydromel, de jeunes comédiennes et Odette Comandon en coiffe de Jarnac agrémentaient la cérémonie. L’hydromel était bon, c’est-à-dire imbuvable mais les filles étaient belles.

FJ -Vous êtes maintenant académicien de Saintonge et n’y a-t-il pas à l’issue des réunions annuelles, des petits fours …

J.P -Oui bien sûr, mais quand j’ironisais, je le faisais avec l’impertinence de mes vingt-sept ans, qui n’hésitait pas à railler « tout ce beau travail dont le chroniqueur se plaît à donner la technique, mais dont nous, les jeunes, nous lavons les mains »… sans dédaigner les petits fours !

F.J -Peut-on dire, comme vous l’avez dit de Paul Fort, « le Prince des Poètes », que l’Aunis a « fait » Jean Prasteau ?

J.P -Peut-on savoir ce qui fait un homme ? Une partie de ma vie s’est écoulée entre Sèvre et Gironde, au rythme des marées, le long des côtes couvertes de galets blancs et de sable constellé de coquillages assaillis de puces de mer, dans ces marais fermés par les îles charentaises, dans les dunes où pousse l’aeillet, mais aussi au fil de la Charente et de la Seugne, en flânant dans les églises, ces prières de pierre. La mer et les bateaux enchantèrent mon enfance et m’ont donné le goût du voyage. Les Charentais ont donné des marins et des paysans, des nomades et des sédentaires. Loti ne rêvait-il pas d’enracinement, comme Fromentin rêvait au départ ? Les obligations du métier de reporter m’ont mené des chutes d’Iguaçu aux îles Hawaï, de Moorea au sultanat d’Oman, du désert de Las Vegas à l’île de Pâques. « Mais est-ce tellement nécessaire d’aller si loin quand la côte ouest de la France offre des îles unies par un même caractère original, bordées de dunes couvertes de leurs marines au parfum épicé, émaillées de villages aux maisons basses et blanches, ornées de forêts de pins et de chênes verts, noyées dans une lumière éclatante. Quand le sourire des hommes remplace les yeux vides des colosses éternellement tournés le dos au large, pourquoi ne pas céder au charme du pays d’ouest ? C’est aussi parce qu’il existe une correspondance entre l’homme et son pays, entre les Charentes et le Charentais que j’ai décidé d’aller à la recherche des causes de ces rapports intimes et de mener cette quête ». Ainsi est né Charentes et merveilles. Enfin c’est l’Aunis, « mais l’Aunis n’est-il pas un morceau de Saintonge ? », qui m’a fait académicien de Saintonge depuis 1984.

FJ -En 1987, vous devenez directeur des Grandes Conférences du Figaro. Comment concevez-vous cette nouvelle activité ?

J.P -Nouvelle activité en effet ; les Grandes Conférences du Figaro sont des moments privilégiés de la vie culturelle parisienne. De novembre à mars, chaque vendredi, un public nombreux vient écouter au théâtre des Variétés une conférence sur les sujets les plus divers. Michel Droit y faisait surtout parler de politique. Pendant ces huit années, j’ai voulu, fidèle à un « certain éclectisme culturel » auquel les auditeurs ont toujours été attachés, dans une recherche continuelle de qualité, que l’actualité fût évoquée bien sûr, « mais aussi l’Histoire, les arts et …l’air du temps » …

F.J -Dans son discours prononcé lors de la séance inaugurale le 21 juillet 1957, le chanoine Tonnellier souhaitait que l’Académie de Saintonge fit un lieu où l’honnête homme -les « honnêtes femmes » n’existaient pas encore puisse se réfugier pour respirer et vivre. Auriez-vous vous-même un autre voeu pour l’Académie de Saintonge ?

J.P -Oh oui ; j’aimerais plaider la cause de la Santonie. L’Angoumois (pour une grande part), la Saintonge et l’Aunis ne forment qu’une seule région charentaise, fortement typée, confortée par la géographie et l’histoire et surtout le sentiment d’appartenance de tous ses habitants. « Même lyrisme, même musique, même obsession de l’harmonie. » Fervent de la Santonie, il faudrait revenir à cette ancienne -et si belle- appellation. Il faudrait aussi prendre soin de notre Santonie, la cultiver comme une belle pièce de terre, l’entretenir sans la défigurer, la défendre contre les menaces, la protéger des appétits, la montrer aux plus curieux, la révéler à elle-même aussi… Charentes et merveilles est suivi de quelques itinéraires pour un voyage sentimental peu ordinaire qui va d’Angoulême à la baie de l’Aiguillon, en passant par Aulnay et les îles. C’est la route de l’initiation, balisée de galets blancs ; c’est une route qui tient à des riens qui vous font battre le cceur. La route des rencontres. Mais attention, « pour être des nôtres, il faut pouvoir rêver, avoir la chance de sentir et de pressentir, de deviner et d’imaginer « .
Eh bien, s’il est vrai, Mesdames et Messieurs, que l’on ne choisit pas ses parents, et pourtant que l’on s’en félicite ou que l’on s’en accommode, il en est bien de même pour tout élu généreusement appelé, entrant dans votre compagnie, à assumer un prédécesseur. Ma chance est que celui que vous m’avez invité à louer ait été un amoureux de notre Saintonge.

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