Alain Rousselot pour la réfection du château de Saint-Jean-d’Angle

Rapport de Jacques Badois

 

Sur la route de Pont-l’Abbé d’Amoult, à Saint-Jean-d’Angle, on était habitué à deviner la silhouette d’une ruine. Quand on s’en approchait, elle se profilait comme un sarcophage de lierre. Les rares visites qu’on pouvait y faire, grâce notamment aux Vieilles Maisons françaises, permettaient de découvrir derrière des douves tourbeuses, les restes d’un château XIIe-XVe, avec quelques belles sculptures, des escaliers qui débouchaient sur le vide ou s’enfonçaient vers des éboulements. Des surplombs de pierres inquiétants dissuadaient les curieux de s’attarder. On pouvait raisonnablement penser que le lierre et les gelées achèveraient un prochain hiver de disjoindre les vieux murs crevassés et que le château, oublié, s’affaisserait sur lui-même dans une mort inéluctable: les dommages semblaient avoir atteint une ampleur irréversible. Or il s’est trouvé un homme de Saintonge, vous, Alain Rousselot, qui, dans un coup de folle passion pour ce moribond au prestigieux passé, percevant ce qu’il pouvait encore redevenir, a voulu, à tout prix, et tout de suite, changer son destin.
Vous l’avez acheté à la hussarde, vous avez bloqué les crevasses menaçant les murailles d’un écroulement mortel imminent et, avec l’aide de l’architecte en chef des Monuments historiques, vous avez vérifié les assises, restauré voûtes, cheminées et maçonneries, émondé les ajouts anachroniques, en un mot, remonté au pas de charge cinq siècles de désordres, à tel point que le château restauré, ou plutôt ressuscité, pourra être inauguré avant la fin de cette année. L’Académie de Saintonge ne pouvait rester insensible à un tel exploit; elle a décidé de vous décerner le prix Chanoine Tonnellier destiné à reconnaître les actes de sauvegarde du patrimoine de notre province et, s’il en est un qui mérite attention, c’est bien celui que vous avez accompli pour le château de Saint-Jean-d’Angle.

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