Anne-Marie Le Bouvier pour son musée de la lirette à Pont-l’Abbé-d’Amoult

Rapport de Jacques Badois

 

Anne-Marie Le Bouvier, dès votre plus jeune âge, vous avez été intéressée par tout le patrimoine domestique des meubles et des tissus de cette Saintonge d’où est issue toute votre famille. En 1962, avec les jeunes de l’Action catholique de Pont-l’Abbé-d’Amoult, vous organisez une exposition sur les témoignages du passé, sur la vie de l’architecture de votre commune et de ses entours. C’est votre coup de foudre pour les lirettes, ces tissus nés de l’habitude perdue de ne rien jeter et du goût de la beauté. Pour vous, la curiosité ne se conçoit pas sans action: à l’aide d’une brochure sur les lirettes, vous conduisez la construction d’un premier métier, aujourd’hui démonté. Avec lui, vous acquerez l’art pratique du tisserand mais vous vous voyez limitée par sa capacité de 40 centimètres de largeur. Il va donc être remplacé par un deuxième métier dont vous dirigez la réalisation. Il tient compte du savoir-faire que peu à peu vous avez acquis. Pendant plus de dix ans, sans discontinuer, vous y tissez des lirettes jusqu’à 1,40 mètre de large, soit avec des chaînes de lin et des trames de coton en «boules» trouvées par vous, soit à façon comme c’était la coutume autrefois. Un troisième métier va satisfaire votre goût de la perfection. Vous l’obtenez cette fois de Jeanne Dupuy, à partir des richesses du musée Dupuy-Mestreau. Il vous permettra de faire des tapis plus larges sur lesquels ne buteront plus les pieds des chaises autour des tables familiales. Il me faut aussi mentionner, parmi vos productions, ce beau tissu de notre région, très fin, plus rare et plus difficile à faire qu’est le flammé, qui porte si bien son nom. Mais ce dernier métier est plus laborieux à manier, il finira par avoir raison de votre colonne vertébrale. Ne pouvant rester inactive, vous allez pouvoir assouvir une nouvelle passion, celle de conservatrice de musée. Outre une partie de votre production de lirettes et de flammés, vous y avez collectionné et rassemblé dans un deuxième étage de votre atelier un véritable musée de toiles de Jouy, de coiffes et de costumes régionaux. C’est un régal de vous écouter les présenter avec la passion qui vous habite. Comme il est dommage que ces richesses ne soient pas mieux connues et davantage visitées. Que cette médaille que j’ai l’honneur de vous remettre au nom de l’Académie de Saintonge soit un témoignage de son remerciement pour l’oeuvre de toute votre vie et une incitation à la venir découvrir.

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