Frédéric Surville pour Climat et révolutions. Ed. Croît vif
L’ouvrage dirigé par Emmanuel Garnier et Frédéric Surville, Climat et révolutions. Autour du Journal du négociant rochelais Jacob Lambertz (1733-1813), mérite une triple félicitation. Aux coordonnateurs, d’abord, d’avoir exhumé et porté jusqu’à la publication un document unique par son originalité et l’intérêt qu’il suscitera aussi bien auprès du grand public que d’un lectorat plus académique. A l’équipe qui a réalisé l’environnement scientifique du document, ensuite. A l’éditeur enfin, qui a su promouvoir un ensemble qui enrichit notre approche de l’histoire locale. Le Journal de Jacob Lambertz tient du livre de raison, de la chronique climatique et du regard distancié sur les événements d’un contemporain des bouleversements de la période révolutionnaire. L’auteur y consigne ce qui lui paraît essentiel dans les vingt années que durent ses notations. Servi par un appareil critique de qualité (index, graphiques et tableaux, analyses universitaires), l’ouvrage fait entrer de plain pied dans l’environnement familier de ce négociant d’origine allemande établi à La Rochelle. Bourgeois modéré dans ses engagements et ses jugements, Jacob Lambertz innove dans les mises en regard qu’il fait du temps et de l’économie. Son approche est résolument moderne, pour nous qui la voyons deux siècles plus tard. C’est-à-dire que nous nous y retrouvons. Rien de ce qu’il dit ne peut nous surprendre. Pas besoin d’érudition, nulle obligation d’interprétation de phénomènes que nos yeux voient presque comme les siens aujourd’hui. Et même s’il ne le dit pas, l’éruption du volcan islandais Laki résonne étrangement au moment où nous comptabilisons les distorsions qu’un autre volcan islandais, l’Eyjafjôll, a engendrées en cette année 2010. Il était vraiment opportun, à présent, de se souvenir des événements de la fin du XVIIIe siècle.