Nom : Simon
Prénom : Pierre-Henri
Membre depuis : 1957-1972
Homme de lettres (Saint-Fort-sur-Gironde 1903 - Ville-d'Avray 1972). Professeur de lettres à l'université catholique de Lille, puis à l'école des hautes études de Gand, enfin à la faculté des lettres de Fribourg, il est également critique littéraire au Monde de 1963 à sa mort. Après qu'il ait fondé la section étudiante des Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger et assuré la rédaction de leur revue (1926), il s'en sépare. Son oeuvre multiforme, qui le porte à l'Académie française en 1968, devient alors celle d'un écrivain catholique engagé. Prisonnier durant la guerre, il écrit de nombreux poèmes publiés dans la clandestinité sous le titre de Recours au poème (Cahiers du Rhône, 1943). Il crée également une revue interne aux Oflags qui, de Nuremberg, le mène droit au camp de représailles de Lübeck. L'après-guerre voit s'épanouir véritablement son rôle d'intellectuel inféodé à aucun parti. Il publie de nombreux essais de critique littéraire (Duhamel, Mauriac, Camus...), une très complète Histoire de la littérature française au xxe siècle (Armand Colin, 1956) et surtout un pamphlet violent Contre la torture (Seuil, 1957) qui lui vaut un scandale public. La polémique fait rage et le Jarnacais François Mitterrand, alors garde des Sceaux, bloque une procédure judiciaire à son encontre. Le souvenir que laisse Pierre-Henri Simon en dehors des Charentes est celui d'un humaniste si fidèle à ses traditions qu'il n'hésite jamais à «prendre des positions en rupture radicale avec l'ordre établi quand celui-ci révolte ses fidélités» (J.-P. Lapierre in Dictionnaire des intellectuels français (Seuil, 1996). Un livre collectif édité par l'université de Fribourg en 1994 résonne du même esprit : Témoin de l'homme, hommage à Pierre-Henri Simon.
C'est pourtant oblitérer la partie qu'il considérait comme la plus importante de ses écrits, son oeuvre romanesque. Une oeuvre fortement marquée par le pays charentais. Ses premiers romans, Les Valentin (Dunod, 1931), L'Affût (Seuil, 1946), Les Raisins verts (Seuil, 1950) et Celle qui est née un dimanche (La Baconnière, 1952; réédition Croît vif; 2004) évoquent tous son environnement familial balancé entre la villa de Royan et la grosse maison de Saint-Fort-sur-Gironde où son père était notaire et sa femme issue d'une longue lignée de médecins, saintongeaise par excellence, les Émery. Dans ces quatre romans, Pierre-Henri Simon manifestement se cherche encore, même si certaines intrigues ne manquent pas de charme comme celle qui entoure Dominique, la bohémienne née un dimanche. Comme s'il cherchait à échapper à sa région pour se trouver un style, il publie alors deux romans situés ailleurs et dans l'actualité, où ses qualités s'affirment nettement : Les Hommes ne veulent pas mourir (Seuil, 1953) et surtout son très nuancé Portrait d'un officier (Seuil, 1958) qui éclaire son Contre la torture d'une humanité fine et sensible. Mais le pays charentais suscite à nouveau son inspiration. C'est d'abord Elsinfor dont la sonorité curieuse rapproche de Saint-Fort (Seuil, 1956; réédition Croît vif, 2004), un grand roman du cognac pour ses descriptions de l'élaboration du produit et son atmosphère de grande famille qui va à l'échec, mal apprécié à Cognac car mettant crûment en scène une famille de négociants avec ses illusions d'universalisme engoncées dans la médiocrité. C'est avec la trilogie constituée par Figures à Cordouan (Seuil, 1960, 1965 et 1971) qu'à la fois il maîtrise son écriture et se transforme en un des analystes les plus délicats de l'âme charentaise. Le Somnambule raconte la quête d'amour et de culture de Laurent Seudre, un libraire de Cordouan (La Rochelle). Histoire d'un bonheur, celui de Noël Dussert, le maire de Cordouan, évoque l'itinéraire d'un libéral durant les années sombres du Front populaire puis de l'Occupation. La Sagesse du soir est celle d'un vieux proviseur, retiré quasi philosophiquement dans son village de Corme-Royal, et dont les souvenirs d'enfance coïncident étroitement avec ceux vécus par l'auteur à Saint-Fort. Membre fondateur de l'Académie de Saintonge, Pierre-Henri Simon en est le directeur de 1967 à sa mort.
C'est pourtant oblitérer la partie qu'il considérait comme la plus importante de ses écrits, son oeuvre romanesque. Une oeuvre fortement marquée par le pays charentais. Ses premiers romans, Les Valentin (Dunod, 1931), L'Affût (Seuil, 1946), Les Raisins verts (Seuil, 1950) et Celle qui est née un dimanche (La Baconnière, 1952; réédition Croît vif; 2004) évoquent tous son environnement familial balancé entre la villa de Royan et la grosse maison de Saint-Fort-sur-Gironde où son père était notaire et sa femme issue d'une longue lignée de médecins, saintongeaise par excellence, les Émery. Dans ces quatre romans, Pierre-Henri Simon manifestement se cherche encore, même si certaines intrigues ne manquent pas de charme comme celle qui entoure Dominique, la bohémienne née un dimanche. Comme s'il cherchait à échapper à sa région pour se trouver un style, il publie alors deux romans situés ailleurs et dans l'actualité, où ses qualités s'affirment nettement : Les Hommes ne veulent pas mourir (Seuil, 1953) et surtout son très nuancé Portrait d'un officier (Seuil, 1958) qui éclaire son Contre la torture d'une humanité fine et sensible. Mais le pays charentais suscite à nouveau son inspiration. C'est d'abord Elsinfor dont la sonorité curieuse rapproche de Saint-Fort (Seuil, 1956; réédition Croît vif, 2004), un grand roman du cognac pour ses descriptions de l'élaboration du produit et son atmosphère de grande famille qui va à l'échec, mal apprécié à Cognac car mettant crûment en scène une famille de négociants avec ses illusions d'universalisme engoncées dans la médiocrité. C'est avec la trilogie constituée par Figures à Cordouan (Seuil, 1960, 1965 et 1971) qu'à la fois il maîtrise son écriture et se transforme en un des analystes les plus délicats de l'âme charentaise. Le Somnambule raconte la quête d'amour et de culture de Laurent Seudre, un libraire de Cordouan (La Rochelle). Histoire d'un bonheur, celui de Noël Dussert, le maire de Cordouan, évoque l'itinéraire d'un libéral durant les années sombres du Front populaire puis de l'Occupation. La Sagesse du soir est celle d'un vieux proviseur, retiré quasi philosophiquement dans son village de Corme-Royal, et dont les souvenirs d'enfance coïncident étroitement avec ceux vécus par l'auteur à Saint-Fort. Membre fondateur de l'Académie de Saintonge, Pierre-Henri Simon en est le directeur de 1967 à sa mort.