Rémi Polack, sculpteur
Prix Cognac Chabasse
Rémi Polack, sculpteur
Rapport : Alain Quella-Villéger
Sculpteur et plasticien, Rémi Polack vit à La Rochelle où l’un de ses bronzes de grande taille est visible sur le front de mer : « L’homme poisson », modèle du genre, très représentatif de son travail.
Ces sculptures sont comme des mots posés debout face au large, des paroles dressées verticalement mais avec cette originalité que la sculpture n’est pas bavarde, et même que « certains passent à côté d’elle / et ne la voient pas / Son offrande est si vaste qu’elle est silencieuse ». Je cite ici Jeanne Benameur, car c’est peut-être finalement dans le texte même du recueil De bronze et de souffle, nos cœurs paru en 2014 avec des gravures de Rémi Polack (aux éditions Doucey) qu’il faut aller chercher mieux que le commentaire, l’écho, la réverbération. Je retiens : « parfois un monstre marin / parfois le sourire d’une femme ou l’absence d’une main ».
Le son n’est pas prohibé, toutefois, dans votre quête : pour un spectacle-performance à venir (Ex voto), on retrouve Pascal Ducourtioux, également lauréat cette année.
Face à cette œuvre, face à ces gravures en noir et blanc, j’ai pensé au regretté sculpteur François Cacheux, dont le style ne ressemblait en rien à celui de Rémi Polack – sauf qu’il se ressourça longtemps à l’Atlantique saintongeais de Mortagne-sur-Gironde – ; j’y songeais à cause des impressions communes que m’inspire leur travail : le combat avec la puissance des sentiments, un optimisme qui défie l’éphémère, un certain tremblement, du vertige, l’obsession du mouvement, l’énergie surtout ! Un ouvrage de Jeanne Bénameur s’intitule Les Insurrections singulières, ce pourrait être, il me semble la ligne directrice de votre travail et de votre talent.