Allain Glykos pour les pages charentaises de son œuvre littéraire
Prix de la communauté de communes de Haute Saintonge
Allain Glykos pour Cinq petites solitudes (2017), La Signature (2011) et autres pages charentaises de son œuvre littéraire
Rapport : Alain Quella-Villéger
Les éditions Le Croît vif ont publié il y a quelques années un fort utile et bienvenu ouvrage collectif intitulé Migrants et immigrés en Poitou-Charentes. Les Grecs en sont absents et pourtant Allain Glykos, fils d’immigré, illustre parfaitement par son parcours de vie, d’origine et création littéraire cette solidarité qui m’est chère entre identité de terroir et frontières poreuses, chacune nourrissant l’autre inextricablement.
Né en 1948 à Bordeaux, fils d’exilé grec, un ouvrier agricole venu d’Anatolie, et d’une paysanne charentaise de Marans, Allain Glykos réunit dans son œuvre aussi bien la Crète où vécut son père que l’île d’Oléron où il possède une maison (à Dolus) et surtout où il situe son récit drôle et pertinent, La Signature. Et il a passé de nombreuses vacances chez un oncle à Chepniers, près de Montendre.
Cette dernière agglomération du sud de la Haute-Saintonge suffirait, s’il en était besoin, à justifier le prix que nous lui remettons aujourd’hui, mais il prend sens géographique parce qu’il récompense une œuvre qui se construit à mi-chemin de ports atlantiques comme La Rochelle et Bordeaux (il ne s’agit évidemment pas ici d’en occulter Vourla, Le Pirée et toute généalogie hellénique).
Dans la vingtaine d’ouvrages publiés par Allain Glykos, le pays charentais creuse en effet un sillon, aussi bien dans Aller au diable, où les lieux non explicitement nommés font écho aux marais rochefortais, que dans son tout dernier ouvrage, qui sort ce mois même : Cinq petites solitudes. L’un des récits nous apprend que « La Charente était le bout du monde, la dernière escale en terre domestiquée avant le Grand Nord. »
Pour beaucoup d’écrivains, de Parisiens, le pays charentais réserve des connivences méridionales ; or, avec Glykos le Méditerranéen, il serait donc plutôt un dernier seuil habitable avant les régions polaires !