Jean-Philippe Beaulieu, astrophysicien, pour le projet européen Ariel sur l’atmosphère des exo-planètes

Jean-Philippe Beaulieu, astrophysicien, pour le projet européen Ariel sur l’atmosphère des exo-planètes

Grand prix 2019 de l’Académie de Saintonge

Jean-Philippe Beaulieu, astrophysicien, pour le projet européen Ariel sur l’atmosphère des exo-planètes

Rapport : Nicole Bertin

Jean-Philippe-Beaulieu L’ESA, Agence Spatiale Européenne, a sélectionné la mission Ariel au sein du programme « Cosmic Vision ». En mai 2028, ce télescope sera lancé à partir de la base de Kourou en Guyane et placé en orbite à Lagrange L2 située à 1,5 million de kilomètres de la Terre. Sondant les atmosphères de mille planètes extrasolaires, des géantes gazeuses aux planètes rocheuses, qu’elles soient chaudes ou tempérées autour d’étoiles de types différents, il mesurera la composition et la structure des atmosphères planétaires, limitera la nature de leurs noyaux, détectera la présence de nuages et étudiera les interactions avec l’étoile hôte.

Jean-Philippe Beaulieu, astrophysicien originaire de Jonzac, directeur de recherches au CNRS, est l’un des responsables de l’équipe française qui fournira le spectrographe infrarouge et la caméra d’Ariel. Une aventure passionnante à la découverte des autres mondes !

200 personnes, 15 pays participants, 450 millions d’euros de l’Agence Spatiale Européenne, plus les contributions : Ariel est un gros projet. Comment cette formidable aventure a-t-elle vu le jour ? En 2007, avec Giovanna Tinetti, votre collègue professeur à l’University College de Londres, vous avez réalisé la première détection de vapeur d’eau dans une atmosphère de planète. Cette planète était une géante gazeuse, comme Jupiter, tournant en trois jours autour de son étoile, un Jupiter chaud. En guise d’eau, c’était plutôt de la vapeur d’eau, ambiance sauna. Mais c’était la première fois qu’une molécule était détectée dans une atmosphère de planète.
Après ce travail, quelle serait l’étape suivante ? Bien évidemment, un télescope spatial avec instrumentation dédiée et optimisée pour faire des mesures très difficiles ! Au fil des ans, une équipe a été constituée, développant un projet pour répondre aux appels d’offres de l’Agence Spatiale Européenne. La concurrence est rude. Bonne nouvelle, le projet Ariel a été retenu en mars 2018 pour un lancement en 2028.

Ariel sera la machine ultime pour étudier les atmosphères de planètes extrasolaires. Observer 1000 planètes va ouvrir un nouveau domaine pour leur compréhension. Peut-être obtiendrez-vous une réponse à une question qui vous tient à cœur : Vénus et la Terre sont deux planètes qui étaient très semblables autrefois avec des masses voisines, Vénus recevant un peu plus d’énergie du soleil, de l’ordre de 30% environ. Comment pouvons-nous avoir une planète comme la Terre et une autre comme Vénus aujourd’hui ? Vénus a une atmosphère cent fois plus dense avec une température de 500 degrés et une pluie d’acide sulfurique. Est-ce que l’activité humaine et le réchauffement climatique – qui est en train de s’emballer – ne vont pas transformer notre bonne vieille Terre en Vénus en quelques milliers d’années ? Ariel donnera peut-être des indications. Avec la masse d’informations recueillies, la recherche avancera à grands pas. Ariel nous permettra de mieux comprendre notre place sur notre bonne vieille Terre et combien elle est précieuse et fragile. Il n’y a pas de planète B ! Enfin pour le moment…

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