XI. Le Quart d’heure saintongeais
Après neuf ans, Jean Glénisson décide de se retirer. Pendant toute la période, sa stature et la dynamique donnée à sa direction s’étaient révélées d’une telle évidence que ni lui ni personne n’avait songé à la règle statutaire des deux ans, comme si ce délai devenait non plus une contrainte, mais une protection contre d’éventuels débordements… Le 1er juin 1991, il propose le nom de Madeleine Chapsal au vote de ses confrères. Celle-ci n’est membre que depuis quatre ans, mais elle manifeste un désir personnel de retour affectif vers Saintes, et l’Académie en est pour elle une expression forte. L’année même de son élection à la direction de la compagnie, elle publie son premier roman d’inspiration charentaise, On attend les enfants, une sorte de chant à la beauté nostalgique de la région ; on ne peut être plus transparent dans ses attachements.
Dès sa prise de fonction, Madeleine Chapsal cherche à doter l’Académie de soutiens plus pérennes que ceux sur lesquels elle vit depuis sa création. Elle crée une association des Amis de l’Académie de Saintonge et un journal au nom charmant de Quart d’heure saintongeais. Mais malgré l’incontestable réussite de la présentation du Quart d’heure dans lequel on retrouve son talent de grande journaliste, l’association a du mal à trouver ses assises et sa justification. En cinq ans, seulement six numéros du Quart d’heure sont publiés, handicapés par un manque chronique d’argent et l’insuffisance de la diffusion . Plusieurs fois dans l’histoire de l’Académie, l’idée d’un organe de liaison avait été évoquée : ce fut le cas en 1961 par Pierre Martin-Civat ou encore en 1965 par Odette Comandon ; chaque fois, le financement avait fait problème et l’Académie était sagement revenue à sa vocation de jury culturel. Comme elle le fera après la démission de Madeleine Chapsal de sa direction. L’essai courageux du Quart d’heure laissera évidemment un goût de regret à chacun des académiciens et au public qui l’avait encouragé…
Madeleine Chapsal quitte sa fonction de directeur le 24 novembre 1996 au profit de François Julien-Labruyère. Elle laisse le souvenir d’une forte présence lors des séances publiques, sachant aller au fond de la compréhension des œuvres ou des personnes qu’elle présente, en quelques phrases d’une simplicité et d’une limpidité extrêmes. Cette sensibilité aux êtres qu’elle manifeste dans son œuvre romanesque reste son apport le plus authentique et le plus chaleureux à la vie de l’Académie.