Alain Bouet pour sa coordination des fouilles gallo-romaines du Fâ de Barzan et la publication de THERMAE GALLICAE
Maître de conférences à l’Université de Bordeaux III, Alain Bouet mérite doublement nos éloges. D’abord pour avoir, sur l’incitation du directeur de l’institut Ausonius repris de façon exemplaire et avec de scrupuleuses approches scientifiques le chantier archéologique des thermes gallo-romains de Barzan, près de Talmont, qui s’avérait a priori peu engageant car laissée à l’abandon après des fouilles partielles et reconquis par les détritus et les ronciers, et qui offrait dans les années 1990 un paysage désolant. Ensuite pour avoir coordonné dans un ouvrage magistral de plus de sept cents pages, Thermæ gallicæ, les résultats extrêmement complets de quatre années d’explorations menées avec les étudiants et avoir donné à celles-ci le prolongement scientifique scrupuleux exigé aujourd’hui par les fouilles modernes. Vingt-sept spécialistes ont en effet collaboré à l’ouvrage, ouvrant par leurs études de laboratoire et leurs analyses l’éventail le plus complet des composants archéologiques de l’édifice : évolution du site, matériaux de construction, décoration architectonique ou peinte du monument, analyse du mobilier (vaisselle, monnaie, faune, coquillages, pollens…), rien n’a été laissé de côté. On a même envisagé l’approvisionnement des bains en combustible, leur bilan thermique, les données environnementales de la cité, culture et végétation… On n’aura garde d’oublier la mise en perspective du balnéaire par un catalogue aussi complet que possible des thermes de la Gaule qui en dégage les traits rémanents ou originaux. Ainsi, malgré la faiblesse dérisoire des vestiges encore en place, a-t-on pu dessiner une restitution fiable de l’édifice avec sa palestre, ses boutiques, sa possible schola de façade et son étonnant système d’adduction d’eau grâce à une roue à godets qui reste à étudier. Peut-être aurait-on pu ajouter pour le profane une synthèse simplifiée des différentes rubriques techniques. Mais cela n’enlève rien à la valeur de cet ouvrage dans lequel on trouvera en outre une profusion de références, de documents graphiques et une abondante bibliographie. Reste comme le souhaite notre collègue Louis Maurin dans son introduction à ce beau livre que la suite des explorations du site nous livre la clef de cette ville antique, enfouie sous les blés face à la Gironde, de son rôle économique et portuaire, de ses liens avec Saintes et que nous soit enfin révélée l’énigme de son nom.
(Pour les « profanes » que nous sommes tous, la visite du site de Barzan se termine sur une véritable synthèse du livre : un superbe film d’animation informatique permet de visiter les thermes reconstitués tels qu’ils étaient à l’époque ; un argument de plus à visiter ou revisiter le moulin du Fâ…)