Mathias Tranchant pour Le Commerce maritime de La Rochelle à la fin du Moyen-Âge

Rapport de Pascal Even

L’ouvrage consacré par Mathias Tranchant, maître de conférences de la toute jeune université de La Rochelle, au commerce maritime rochelais à la fin du Moyen Âge vient combler une lacune de l’historiographie de la ville. Complétant et précisant sur bien des points les travaux de Georges Musset au tournant du XXe siècle puis ceux de Marcel Delafosse et d’Étienne Trocmé sur les trafics maritimes du port de la fin du XVe siècle au début du XVIIe siècle, parus il y a déjà un demi siècle, et enfin les articles de Robert Favreau, cette volumineuse étude constitue une synthèse de qualité sur les activités d’un port parmi les plus actifs et les plus prospères à l’époque de la façade atlantique. Mathias Tranchant livre ainsi au public sa thèse soutenue en 1999 à l’École pratique des hautes études, IVe section. En dépit des lacunes documentaires liées à la destruction de l’essentiel des archives anciennes de la cité dans l’incendie de la Chambre des comptes en 1737, Mathias Tranchant a su utiliser au mieux les documents conservés certes localement, mais également dans d’autres services territoriaux, aux Archives nationales ainsi qu’à l’étranger, dans les archives espagnoles. Après avoir étudié successivement le cadre territorial et les fondements de la prospérité du commerce maritime rochelais, Mathias Tranchant évoque les différents marchés commerciaux fréquentés par les Rochelais, ceux du golfe de Gascogne, de la Manche, de la mer du Nord et de la Baltique, ainsi que ceux de l’Europe méridionale. Il se penche sur le développement de cette ville de fondation récente qui devient rapidement, en dépit de l’absence de débouché fluvial, d’un arrière-pays limité et des contraintes géographiques qui la placent à l’écart des grandes voies de communication, le principal centre économique et commercial entre Loire et Gironde dont la prospérité est fondée sur la production et la vente du vin et du sel.
Mais ce n’est pas seulement à l’étude des échanges commerciaux du port de La Rochelle que se livre l’auteur. À travers l’activité des marchands rochelais, il restitue toute l’histoire politique et sociale de la cité et c’est un tableau complet des différents aspects des activités de cette petite république marchande qu’il livre de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle. Il décrit notamment le combat permanent des Rochelais pour améliorer la compétitivité de leurs productions, leur souci de contrôler, voire de dominer l’activité économique des ports voisins mais également de l’arrière-pays. Il analyse également dans le fonctionnement de l’institution communale ce qu’il définit comme une véritable culture politique et marchande reposant sur une collégialité affirmée. Cette publication illustre par ailleurs la coopération engagée entre les Presses universitaires de Rennes et l’Université de La Rochelle dont elle constitue la première réalisation. Par la richesse de la documentation réunie, l’étude de Mathias Tranchant représente désormais une référence obligée pour les historiens de l’économie de la période médiévale.

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