Patrick Henniquau pour l’exposition consacrée aux Mondes fantastiques du Pays royannais
Rapport de Bernard Mounier
Patrick Henniquau est un faiseur de rêves, un montreur d’imaginaire en ébullition, un passeur de frontières chimériques. En un mot il est metteur en scène. Il avait installé à Saint-André-de-Lidon sa compagnie « Le Moulin-Théâtre », fondée avec sa femme Agnès. Ils ont appris leur métier en parcourant le monde avec la compagnie Philippe Genty, connue pour ses spectacles dans lesquels se mêlent acteurs et marionnettes, silhouettes d’ombres et décors de lumière, emportant le spectateur dans un voyage insolite vers un pays envoûtant où la magie devient réalité. Ici, le « Moulin-Théâtre » se fit connaître avec éclat en créant, à l’abbaye aux Dames une pièce baroque superbement colorée, intitulée Le Grand Théâtre du Monde de Calderón de La Barca. La jouant dans les églises proches, la compagnie attira l’attention de la direction régionale des Affaires culturelles et des responsables de la communauté d’agglomération du Pays royannais. La voici ancrée à Saint-Georges-de-Didonne. Comédien autant que plasticien, Patrick intervient au lycée Bellevue de Saintes, dirige la section théâtre du lycée Valin de La Rochelle , anime une classe au lycée de Montendre, tout en mettant en scène aujourd’hui une spectaculaire exposition : « Entrez dans la légende, les mondes fantastiques du Pays royannais ». Cette exposition fait revivre, avec les mots et les représentations de notre temps, les contes et les récits mythiques de la Saintonge maritime. Pour cela, Patrick Henniquau a inventé un labyrinthe d’objets, d’images, de personnages et d’univers sonores propre à faire traverser aux humains le miroir de la réalité. De l’autre côté, les attendent, en vrai, les fées, les sorciers, les sirènes et les fadets, Gargantua et Mélusine, les habitants du pays rêvé de notre enfance. Depuis deux ans, des milliers de visiteurs, petits et grands, se sont pris au jeu. Pour compléter l’exposition, un spectacle déambule dans les rues et sur les places, entraînant avec lui, d’histoires merveilleuses en rencontres étonnantes, une population conquise et fascinée, comme, en avril dernier, à l’occasion des Fêtes romanes de Mornac, Breuillet et Saint-Sulpice-de-Royan. L’exposition a été montrée dans la Maison de la Charente-Maritime à La Rochelle, au palais des Congrès de Royan, au centre culturel de Rouillac. Le spectacle a été reçu aux Lapidiales de Port-d’Envaux. Ils n’ont pas fini de courir villes et campagnes du Poitou-Charentes.
Pour ce travail de mémoire saintongeaise transcrite en vivante actualité, pour l’ensemble de l’action du « Moulin-Théâtre » au service de spectacles populaires exigeants, efficaces et inspirés, l’Académie de Saintonge est heureuse de remettre cette médaille à Patrick Henniquau.
(Puis-je ajouter que je n’avais pas vu votre exposition lorsque Bernard Mounier nous l’a présentée et que je me suis donc fait un devoir de la visiter. J’y suis allé avec mes petites-filles, sept et cinq ans. Cela a été un succès, il a même fallu y retourner quelques jours plus tard pour prendre leurs photos en sirènes ou en ganipotes ! Surtout, elles en ont retenu une carte de la région animée de boutons électriques, car le village de Corme-Écluse s’y allumait lorsqu’on appuyait sur le mot « fadets ». C’était une première piste, il a fallu la préciser : d’où des recherches au cadastre sous le regard amusé de madame Pain, le maire ; et elles ont trouvé le « Bois des Fadets »… S’est engagée ensuite une longue approche pour découvrir leur terrier et, après leur avoir apporté des offrandes rituelles sous forme de bouts de gruyère ou de saucisson (qui disparaissaient pendant la nuit), une correspondance s’est établie : elles disposaient leurs messages près d’une souche, ils répondaient par la boîte aux lettres. Cela a duré tout l’été… Merci, Monsieur, pour ces exercices d’écriture et d’orthographe qui n’avaient rien de devoirs de vacances et qui donnaient au grand-père un rôle éminent ! En revanche, je vous ferais volontiers un reproche : parmi les ingrédients chers aux sorcières, vous aviez disposé un bocal de « jus d’oreilles de petites filles sages » ! Autant vous dire que pour éviter de se voir couper les oreilles par les sorcières de Corme-Écluse, car vu de la ville le village en est plein, mes petites-filles avaient trouvé l’argument pour n’être pas sages du tout !)