Panorama de l’année culturelle Saintongeaise en 2008
Par Marie-Dominique Montel, directeur en exercice
Mesdames et messieurs, chers amis, bienvenue à tous.
Mesdames et messieurs, chers amis, bienvenue à tous. Je déclare ouverte cette cérémonie des Prix de l’Académie de Saintonge, qui nous rassemble régulièrement au mois d’octobre pour couronner les personnalités charentaises de l’année dans le domaine de la culture. C’est la vocation de l’Académie de Saintonge, soutenue dans son action par des aides publiques et privées. Et je tiens à remercier, en la personne de ses représentants, le département de Charente-Maritime qui épaule notre Académie de son aide fidèle depuis de longues années. Il nous faut remercier aussi , de l’intérêt qu’elle manifeste pour nos travaux, la ville de Saintes qui offre à nos rendez-vous le cadre de cette belle salle Saintonge dont le nom nous va si bien, et tous ceux, collectivités locales, journaux, entreprises ou personnalités privées qui année après année, nous aident à financer les prix..
Ces prix – le grand prix de l’Académie, 10 autres prix et trois médailles – qui vont récompenser tout à l’heure, les plus excellentes réalisations, sont la partie visible du travail de l’Académie. Au cours de réunions successives les académiciens repèrent, étudient, sélectionnent les plus beaux fleurons de notre vie culturelle. Traditionnellement, ce discours d’ouverture s’appelle d’ailleurs Panorama de la vie culturelle saintongeaise, je pense en ce qui me concerne qu’il devrait s’intituler plus modestement Itinéraire de la vie culturelle saintongeaise, d’abord parce que ceux qui ne sont pas mentionnés cette année n’auront pas l’impression d’être invisibles dans le panorama. Il se diront « Tiens, l’itinéraire passera peut-être par chez moi l’an prochain ». Ensuite, parce que tout itinéraire nécessite des guides et c’est ce dont je voudrais vous parler aujourd’hui.
Il y a quelques temps maintenant, Bernard Pivot, alors grand maitre de l’émission « Apostrophes » avait publié un gros bouquin que je feuillette toujours avec plaisir. Il l’avait nommé La bibliothèque idéale, et il y recensait, par genre d’ouvrage, les livres qui devraient figurer sur les étagères de l’honnête homme du XXe siècle. A la recherche des guides de notre identité charentaise, il m’a pris la fantaisie de me demander quels volumes pourraient composer « la bibliothèque idéale de l’honnête saintongeais du XXIe siècle » et je voudrais vous inviter à la feuilleter avec moi.
Ce qui n’était qu’un jeu d’esprit au départ, est devenu une sorte de défi. J’interrogeais mes proches, les membres de l’Académie bien sûr, les éditeurs (notre province en compte certains de très grande qualité) et quelques amis férus de lecture. Pour ceux qui commencent leur bibliothèque, il est apparu à l’unanimité qu’elle devait contenir un ouvrage, que dis-je une collection telle que l’histoire de l’Aunis et de la Saintonge en 6 volumes, publiée sous la direction de Jean Glénisson. (Geste éditions) qui s’est réservé.la période 1610-171 à paraitre prochainement. Le tome III Le Début des temps modernes 1480-1610 de Marc Seguin, est sorti l’an dernier. Et le tome I L’Aunis et la Saintonge des origines à la fin du VIe siècle après Jésus Christ est paru cette année il est signé par Louis Maurin, grand spécialiste de l’histoire romaine qui s’est entouré d’autres experts pour nous donner une vision passionnante de ces saintongeais du début de la Saintonge à qui nous devons sans le savoir un petit bout de notre histoire, de notre mémoire et probablement de notre drôle de caractère, Louis Maurin est un historien exceptionnel, un professeur comme on en rêve et l’un de ces guides dont je vous parlais, pour éclairer nos itinéraires charentais…. il a un autre titre à mon affection, nous partageons loin des regards une discrète promiscuité puisque nous cohabitons dans le même fauteuil, techniquement on dit le même siège, de l’Académie de Saintonge, il s’agit du numéro 7. Il en est titulaire honoraire, j’en suis la titulaire en exercice. Cela crée des liens vous en conviendrez
D’autres guides, d’autres ouvrages indispensables…. Pour être sûr de n’oublier aucun nom, il nous faudra je pense le Dictionnaire biographique des charentais, publié sous la direction de François Julien-Labruyère. Et pour être sûr de n’oublier aucune période, il vous faudra suivre les travaux de Didier Neraudeau, avec qui vous allez faire connaissance aujourd’hui puisqu’il est notre plus jeune académicien (élu cette année) bien que ses connaissances en fassent le plus vieux d’entre nous. Il étudie les très anciens habitants de la Saintonge, qui n’étaient pas des humains mais des fourmis, des libellules ou des dinosaures qui peuplaient nos contrées, en ces lointains printemps des années 100 millions avant Jésus-Christ. Cela ne nous rajeunit pas, mais cela nous entraine dans l’univers des sciences que votre Académie a décidé de surveiller d’un peu plus près car les charentais d’aujourd’hui s’illustrent très régulièrement dans ces sphères qui nous paraissent parfois plus difficiles d’accès et il serait dommage de les ignorer. Ainsi, après un astrophysicien et un paléontologue, c’est un grand médecin qui est à l’honneur cette année en première ligne de notre palmarès.
Pour continuer la constitution de la bibliothèque de l’honnête saintongeais, il serait juste d’y faire figurer un certain nombre de revues, les unes nous font suivre le travail des archivistes et des historiens, d’autres l’actualité culturelle, quant à celles qui défendent le parler saintongeais, elles le font avec tellement de vigueur et de succès qu’il a aujourd’hui droit officiellement à l’appellation langue de France. On associera leur lecture avec profit à celle d’un formidable livre sur Goulebenèze, qui vient de paraitre sous la plume de Charly Grenon et Pierre Peronneau. Mais le parler d’ici c’est aussi un français dont la chanson nous est si familière qu’on l’écoute rarement avec attention ; il a pourtant frappé d’admiration, l’une de mes très proches parentes professeur de grammaire et de syntaxe à l’université et qui s’émerveillait d’entendre par ici un usage si correct et si élégant des formes interrogatives. Un pays où l’on dit : « Viens-tu ? » et non point « Est-ce que tu viens ? » ou « Etes vous là ? » et non pas : « Est-ce que vous êtes là ? » lui avait tout de suite plu, à tel point que pour profiter au quotidien de ce régal syntaxique, elle a décidé d’épouser mon papa. (Il a du lui demander sa main sous une jolie forme interrogative). C’est vous dire si je suis reconnaissante à ce joli parler à qui je dois le jour. Pour en profiter, de ces tournures d’esprit ou de langage, il faudra donc des romans, et des ouvrages littéraires et puis aussi quelques films bien entendu, sur vos étagères puisque nous parlons de l’honnête saintongeais du XXI e siècle, et que celui-ci possède souvent un magnétoscope.
Bien sûr, une bibliothèque- filmothèque s’actualise régulièrement vous le savez. Alors, permettez-moi de vous dire au nom de l’Académie et sans fausse modestie que vous avez entre les mains l’outil idéal, la brochure de l’Académie, par son palmarès et les travaux des académiciens qui y sont mentionnés vous apporte en quelques pages, un panorama annuel des réalisations et publications intéressantes. Cette brochure existe depuis une dizaine d’années et tous ses numéros sont déposés à la Bibliothèque nationale. Sa lecture vous permettra également de faire mentir un adage que nous évoquons fréquemment entre académiciens lors de nos séances privées de l’Académie : « Nul n’est prophète en son pays ».
C’est souvent en effet dans une revue internationale ou un colloque que l’un d’entre nous découvre des recherches ou des réalisations passionnantes d’un charentais d’exception que le monde nous envie et que nous croisons parfois au marché ou place de l’église sans penser à la chance que nous avons de connaitre quelqu’un de si bien. D’ailleurs, la tâche est rendu paradoxalement plus ardue par notre délicieux sens de la famille dont nous voyons là, le revers la médaille. Il y a quelques mois, visitant avec une amie, l’inauguration d’une très belle exposition dans un musée de la région, nous nous sommes retrouvées en grande conversation avec un autre visiteur qui s’est rapidement révélé passionnant. Le brouhaha de ce genre de manifestation ne m’avait pas permis de comprendre son nom ; et après son départ, je demandai à mon amie de qui il s’agissait. Elle me fit cette réponse bien charmante et bien charentaise « mais Marie-Dominique, tu sais très bien qui c’est, c’est le fils de madame … untel » je ne vous dirai pas le vrai nom par discrétion et parce que ce monsieur (s’il est bien le fils d’une dame de grande qualité), par ses travaux et réalisations s’est aussi taillé une renommée personnelle internationale et qu’il est aujourd’hui l’un des lauréats de l’Académie de Saintonge. S’il se reconnait, je le prie de transmettre à sa maman les amitiés de l’Académie et tous nos remerciements pour nous avoir rappelé par cette anecdote que cette manière de cousinage affectueux (ou parfois râleur) qui nous unit entre charentais ne doit jamais nous faire oublier de saluer comme ils le méritent les nombreux talents qui ont leurs racines dans notre belle Saintonge.