Philippe Deblaise pour Le manuscrit de Pignatelli aux Editions Du Rocher et Au sommet des grands pins aux Editions Croit vif
La passion des chevaux pour les hommes du XVIème siècle ? Monluc, en 1563, relate avec force détails les péripéties de sa victoire de Targon dont il conserve un douloureux souvenir : “J’y perdis mon cheval turc, que j’aimois, après mes enfans, plus que chose de ce monde, car il m’avoit sauvé la vie ou la prison trois fois. Le duc de Palliane me l’avoit donné à Rome. Je n’eus ny n’espère jamais avoir un si bon cheval que celuy-là. ”. Il a vu mourir un être cher, pour ainsi dire une partie de lui-même. Tel est bien, au début des Temps modernes, l’homme de guerre, héritier du chevalier médiéval : un sportif de haut niveau qui ne fait qu’un avec sa monture. Dans la mentalité des nobles surtout, le cheval est un être de sang, d’amitié et d’intelligence.
Nous récompensons aujourd’hui un écrivain né à Saintes, spécialiste du cheval et de l’histoire de l’équitation. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages. Au sommet des grands pins paru cette année au Croît Vif, justifie à lui seul le prix de la ville de Royan.
Le manuscrit de Pignatelli, aux Editions du Rocher, nous plonge au cœur du XVIème siècle, quand se diffuse le calvinisme et éclatent les guerres de Religion, dans le monde de l’édition. Charles Périer, un jeune imprimeur parisien, part pour l’Italie se procurer le manuscrit qui, pense-t-il, va lui assurer la considération de tous les passionnés du cheval, et aussi une probable aisance. Hélas ! Le manuscrit lui est dérobé, et lui-même survit par miracle à une tentative d’empoisonnement. Une périlleuse quête à travers la France troublée des Valois le conduit dans notre région. Il fait la connaissance de Bernard Palissy, apprécie les huîtres et savoure même un verre d’une boisson inconnue ailleurs qu’on décide d’appeler “pineau”. Je n’en dirai pas plus. L’usage n’est pas de dévoiler le dénouement d’un roman. Philippe Deblaise s’est soigneusement documenté : son livre est une réussite.