Réception de Odile Pradem-Faure

Réception de Odile Pradem-Faure

prademfaure16ème siège, cinquième titulaire.

Biographie à venir
Rapport par François Julien-Labruyère

 

 

 

julienMadame,

Au nom de l’Académie de Saintonge et de tous ses membres, je suis heureux de vous y accueillir. L’hommage à Jacques Badois que vous venez de nous donner nous a tous émus, car il en est ainsi dans une académie, les nouveaux sont chargés d’entretenir la mémoire des anciens. Il s’agit là du rôle des sièges – vous noterez que je ne parle pas de fauteuils car l’Académie de Saintonge est un organisme qui, comme on dit maintenant dans les cours de récréation, ne se prend pas la grosse tête – des sièges donc, qui traversent le temps et assurent à l’institution sa continuité.

Vous avez été élue au seizième siège de l’Académie de Saintonge, c’est-à-dire à celui dont la caractéristique est la plus marquée. Ses quatre titulaires avant vous se sont tous occupés de patrimoine. Cela commença avec Samuel Viaud-Loti qui consacra sa vie entière à l’œuvre de son père, tant littéraire que muséale. Son successeur, René Mesnard, est surtout connu pour les recherches historiques qu’il mena sur le patrimoine de Surgères. Puis vint Jehan de Latour de Geay dont les prix des Vieilles maisons françaises et des Chefs d’œuvre en péril sont encore dans les mémoires pour la restauration de ses deux châteaux, Écoyeux et Beaufief près de Saint-Jean-d’Angély. Quant à Jacques Badois, vous l’avez parfaitement dit, avec la magnifique réfection des jardins de La Roche-Courbon et son animation indéfectible du château, on ne peut mieux faire en matière de patrimoine. A moins qu’à l’abbaye aux Dames, vous vous classiez à égalité avec La Roche-Courbon…

Je dois avouer, Madame, avoir été surpris lors d’une récente réunion privée de notre Académie, vous avez commencé votre présentation par ces mots : « Amenée à siéger à vos côtés, je me sens une charmante imbécile. » Vous vouliez rendre hommage à la belle érudition de certains académiciens et aux œuvres des autres, établies dans à peu près tous les domaines de la culture. Mais, le faisant, vous vous rabaissiez, certes avec un sens de l’humour achevé… Permettez-moi toutefois d’en ignorer la finesse. J’ai été surpris de ces deux mots parce que votre carrière mérite, ô combien, votre élection au sein de l’Académie de Saintonge. Elle mêle animation culturelle et patrimoine, exactement dans les brisés de vos prédécesseurs du seizième siège.

Mes collègues m’ont demandé de vous recevoir, Madame, parce que je suis, chère Odile, celui d’entre eux qui te connaît le mieux. Chacun ici le sait, Odile et moi travaillons ensemble depuis une bonne dizaine d’années à valoriser Saintes grâce à l’abbaye aux Dames dont nous sommes loin d’être les seuls à considérer qu’elle est l’atout majeur en termes d’identité pour la ville. Il s’agit là d’une responsabilité importante dont Odile est la cheville ouvrière. Alors me direz-vous, c’est une OPA de l’Abbaye aux Dames sur l’Académie de Saintonge ? Je peux vous assurer du contraire : au vu de comment s’est déroulée l’élection d’Odile, ce serait plutôt une OPA amicale de l’Académie sur l’Abbaye ! Je n’étais pas présent lors de cette élection et quand Marie-Dominique Montel m’en a communiqué le résultat, ma première réaction a été l’étonnement devant la quasi unanimité qui s’était faite autour du nom d’Odile Pradem Faure. Un succès plutôt rare dans l’histoire de l’Académie de Saintonge dont les membres se font un malin plaisir à disperser leurs votes sur plusieurs noms, montrant ainsi que le vivier culturel saintongeais est beaucoup plus nombreux qu’on le prétend… Puis je me suis souvenu de quelques orientations qui guident les choix de l’Académie de Saintonge : vers les femmes qui restent encore largement minoritaires, vers la culture non livresque qui, elle aussi, est sous-représentée à l’Académie, le tout arrosé d’une petite dose de cognac.

L’origine d’Odile, c’est le Gers, en plein armagnac, à la façon d’un joli pied de nez à Cognac où elle habite… Pour elle, existe un parallèle entre le Gers où elle a conservé ses attaches familiales et les Charentes où elle vit, un parallèle valant mieux qu’un pied de nez : le pays de l’armagnac possède le charme de la tradition mais aussi un côté replié sur lui-même et content de soi qui le rend étriqué, tandis que le pays du cognac manque de ce charme intime mais lui semble plus apte à comprendre le monde et ses évolutions, notamment dans le domaine des affaires. En revanche, ce qu’elle regrette c’est la coupure, la frontière, le fossé, le mur qui existent entre Saintes et Cognac. Comme quoi, comprendre le monde est une chose, vivre dans sa région en est une autre, beaucoup plus complexe ! Après des études de gestion, option restauration, non pas du patrimoine comme on pourrait le supposer, mais tout simplement restauration au sens d’hôtellerie, Odile passe d’abord un an à Londres comme maître d’hôtel puis deux ans en Californie, sans carte verte – et j’insiste là-dessus car elle en est fière -, responsable de l’événementiel dans une société de catering, autrement dit un traiteur de taille industrielle. Son grand exploit et son grand souvenir reste l’organisation côté restauration de la convention nationale d’Apple computers en 1985. Pas mal pour une immigrée illégale ! Voilà en tout cas un trait qui exprime bien la personnalité entreprenante d’Odile et sa sensibilité aux problèmes de société, car il n’y a pas qu’à Los Angeles qu’existent des travailleurs sans papiers. La conclusion personnelle qu’elle tire de ces deux années américaines est qu’elle a apprécié leur aspect formateur mais qu’elle ne s’y est pas faite, parce que selon ses propres mots « les Américains ont l’espace, c’est grisant, mais ils n’ont pas le temps, c’est suffocant ».

C’est pourtant là qu’elle se mêle pour la première fois à la culture, genre flower power, hippie branchée psychédélique. Rien à voir avec une cantate de Bach comme les affectionne le public du festival de Saintes… C’est cette notion de temps escamoté qui lui manque le plus. Après un accident de moto à Acapulco qui joue le rôle de révélateur, elle revient en France, rencontre celui qui va devenir son mari, un psychologue dont le premier métier consiste à socialiser des enfants ayant des troubles du comportement. Quand on connaît Odile, on sait toute l’importance que Pascal, son mari, tient dans son existence. C’est évident pour sa vie de famille, ce l’est aussi dans sa profession, grâce à l’intuition qu’elle en tire.

Le premier enseignement qu’elle retient de son retour en France et de sa rencontre avec Pascal est de démissionner des hôtels Pullman où elle est entrée comme chef de service. « On me demandait de mettre la pression sur les gens, l’Amérique m’avait appris à susciter l’adhésion ». Elle revient à l’événementiel dans le groupe Caisses d’épargne et y organise la communication du sponsoring du premier Vendée Globe de Tituan Lamazou, puis des courses d’Isabelle Autissier.

abbayeCherchant à se rapprocher du lieu de travail de son mari, elle entre en 1992 à l’Abbaye aux Dames. À l’époque, deux associations y cohabitent, parfois difficilement : l’Abbaye aux Dames elle-même pour le spectacle vivant et les expositions, et l’Institut de musique ancienne pour le festival. Depuis cette date, Odile n’a pas quitté l’abbaye et a connu toutes ses vicissitudes, les bonnes et les mauvaises, comme par exemple la faillite de l’Institut de musique ancienne en 1994 qui valut finalement au festival de renaître grâce à un accord unanime de ses financeurs publics, qu’ils soient de droite ou de gauche. Ou bien en 1998, la création du premier orchestre en Europe de jeunes musiciens se formant aux instruments d’époque, celui qu’on appelle le Jeune Orchestre atlantique. Ou encore en 2003, le regroupement autour du festival de l’ensemble des activités développées à l’abbaye, ce qui aboutira en 2009 à la signature d’une convention d’objectifs regroupant une fois encore l’ensemble des financeurs publics, ville de Saintes, département de la Charente-Maritime, région Poitou-Charentes et État.

De 1992 à aujourd’hui, une double métamorphose se produit, celle de l’abbaye et celle d’Odile. Celle-ci passe par tous les stades de la responsabilité. Elle commence comme secrétaire, devient vite chargée de production, un rôle essentiel en matière culturelle où elle découvre les caprices des musiciens et les a priori du public, puis administratrice du festival auprès de Philippe Herreweghe, son mentor en matière musicale. Comme tout parcours de ce style, le sien passe peu à peu du contenu au contenant, ou si on préfère de l’action à l’institution, pour enfin piloter l’ensemble comme directrice générale. Quant à l’association, elle aussi a fortement évolué avec le temps, passant du seul festival à un ensemble d’activités musicales, patrimoniales, culturelles, hôtelières et commerciales qui font de l’Abbaye aux Dames un des sites majeurs de la région Poitou-Charentes.

C’est dire si la place d’Odile Pradem-Faure va être essentielle au sein de l’Académie de Saintonge. Elle lui apportera son expérience de l’animation culturelle, sa sensibilité à la musique – domaine qui n’a jamais été représenté à l’Académie -, sa pratique du patrimoine et son sens de l’humour. Certes, notre région est minuscule en regard de l’Amérique, mais bienvenue au temps retrouvé de l’Académie de Saintonge…

Hommage à Jacques Badois par Odile Pradem-Faure

Madame la Directrice, Mesdames, Messieurs, Dans un pays où la loi salique a refusé aux femmes, pendant des siècles, le droit d’accéder au trône, chacune, à l’heure d’être honorée, se pose la question de sa légitimité. Dans ma vie personnelle comme dans ma vie professionnelle, il m’est parfois arrivé de m’interroger sur le bien-fondé de ma place ou de mes fonctions. Mais je n’ai jamais été aussi dubitative que le jour où vous m’avez fait l’honneur de m’accueillir dans cette académie. Ni de Saintonge – mon accent m’a déjà trahi, ni érudite ni écrivain, puis-je être digne de succéder à Jacques Badois au 16e siège de l’Académie, en quoi pourrais-je être utile à « soutenir la vitalité de la culture régionale » ?

badoisOUI ! Comment succéder à Jacques Badois – que vous avez tous si bien connu, et que l’an passé notre chère directrice décrivait comme un « prince charmant ». Rien semble-t-il ne prédisposait Jacques Badois à devenir le magicien qui a redonné vie au château de La Roche-Courbon. Centralien, il a au cours de sa brillante carrière d’ingénieur de la métallurgie participé activement à la spécialisation notamment en Ariège d’une usine dans les alliages légers pour l’aviation, usine qui existe encore aujourd’hui.
Nous sommes loin de la Saintonge et de ses palais de Belles au Bois Dormant ! Seule la piété et la tendresse filiale, le sens du devoir aigu qui l’habite expliquent qu’il ait accepté en 1967 de relever le défi de succéder à son beau-père à la tête du domaine de la Roche Courbon. A ce moment-là, le domaine cherche un souffle nouveau. Après avoir sauvé de l’abandon ce joyau de notre Saintonge, après l’avoir remeublé et créé avec l’architecte paysagiste Ferdinant Duprat un magnifique jardin classique qui permettait un son et lumière dont tous les anciens se souviennent avec émotion, après avoir régénéré l’exploitation agricole du domaine autour de l’élevage, il n’est pas exagéré de dire que Paul Chénereau se trouve dans une situation délicate. Comment poursuivre cet élan ? Comment l’amplifier ? Autrement dit, comment transformer le sauvetage du domaine en véritable entreprise ? Jacques Badois, aidé de son épouse et de l’équipe de collaborateurs en place, se donne quatre ans. Il attaque les travaux de toiture (charpentes et couverture) et, assure le redressement de la galerie du XVIIe siècle. Dans un second temps, autour des années 1980, il entreprend ce qui sera un chantier de vingt quatre longues années : reconstruire une partie des jardins sur pilotis pour éviter qu’ils ne s’enfoncent dans le marais du Bruant.

Dès le départ, Jacques Badois s’impose une parfaite rigueur de gestion, refusant de faire courir quelque risque financier que ce soit à sa famille : il considère à raison que La Roche Courbon doit être une entité économique indépendante. Jacques Badois est alors convaincu que le projet de renouveau de La Roche Courbon passe en grande partie par le développement d’une activité touristique, l’activité agricole étant sur son déclin. Chaque centime gagné à la Roche Courbon est immédiatement réinvesti dans les travaux d’entretien et de rénovation du site. Par son approche innovante liant développement culturel et économique, Jacques Badois apparaît indéniablement comme un précurseur.
Cette rigueur dans l’action est le fruit d’un engagement quasi « constitutif de sa personne » : le mouvement éclaireur, il a même côtoyé Baden Powell dans sa jeunesse. Cet engagement est aussi sans doute une autre clé de son succès : sa capacité à fédérer les énergies, à emporter l’adhésion de tous ceux – famille comprise – qui s’investissent et qui travaillent dans le lieu. Tout ce qui se fait à la Roche Courbon se fait « ensemble ». Au fil du temps se constitue une équipe de salariés pleinement engagés dans la renaissance du lieu. Ainsi les mêmes qui certains jours faisaient visiter le château l’après-midi, allaient à l’heure du déjeuner apporter aux revendeurs du marché les fromages de la propriété. Encore aujourd’hui l’animateur du site peut dans la même journée troquer son veston de commercial pour la veste du couvreur afin de remettre quelques tuiles en place. Ou encore un petit-fils en vacances (la 4e génération) peut se transformer en agent de promotion dans l’île d’Oléron pendant que d’autres curent les bassins de l’escalier d’eau.

L’entreprise La Roche Courbon a su évoluer, s’adapter année après année à tous les contextes. L’évolution de l’exploitation se résume en deux chiffres : en 1950 80% des produits proviennent de l’agriculture, en 1997 85 % viennent du tourisme. On ne compte pas les innovations lancées par Jacques Badois, telle que l’acceptation de l’ouverture du site à des opérations de formation autour des jeunes, de classe du patrimoine. Jacques Badois refuse l’idée d’un patrimoine figé, enfermé dans ses « atours », il veut un patrimoine vivant, décor de film publicitaire ou autres, lieu de fêtes et de théâtre dans lequel le spectateur d’hier ou l’invité du mariage d’aujourd’hui revient demain en famille visiter les lieux. S’il est un homme qui a su, en gérant intelligemment le patrimoine dont il a hérité, porter au loin la renommée de notre chère Saintonge, c’est bien Jacques Badois. A cet homme rigoureux, fédérateur, pédagogue, généreux, qui ne se décourage jamais (à 90 ans passés, au lendemain de la tempête terrible de décembre 1999, il propose à sa fille de saisir l’opportunité de ce désastre pour créer une école de bûcheronnage dans la forêt dévastée), à cet homme qui a su brillamment passer de manager industriel à manager culturel il ne sera pas aisé de lui succéder à ce seizième siège.
Après avoir écouté Christine Sébert Badois, sa fille, évoquer sa forte personnalité, je sais en revanche que Jacques Badois est pour moi un modèle à suivre, comme spirituel dans mon action quotidienne.

D’autant qu’à la naissance du festival de Saintes, La Roche-Courbon accueillit de mémorables concerts dans ses jardins (Watermusic de Haendel avec Jean-Claude Malgoire et La Grande Ecurie & la Chambre du Roy, Jean-Claude Casadesus avec l’Orchestre de Lille, ainsi que de nombreuses formations vocales principalement anglaises). Il y a quelques semaines, un fidèle du festival m’a apporté un petit trésor photographique, des années 1971/1973 dans lequel je retrouvai Jacques Badois, en compagnie de Michel Guy, ministre de la Culture, en ces lointaines années. Preuve supplémentaire de la reconnaissance de ses pairs à l’égard de ce membre du Conseil économique et social.
J’ai peu connu Jacques Badois. A peine nous sommes-nous croisés parfois. Mais grâce à vous, chers académiciens, je peux imaginer entre lui et moi des intérêts communs, des missions partagées.

En effet, depuis 1992 – année à laquelle je suis arrivée à l’Abbaye aux Dames – j’ai inscrit mon action dans la poursuite du travail de mes prédécesseurs, mais aussi dans l’adaptation d’un projet alliant patrimoine architectural, musique et activités touristiques et commerciales à de nouveaux enjeux économiques.
Ainsi présentées, me direz-vous, les choses peuvent sembler bien arides. C’est pourtant un plaisir et une passion de chaque jour que Jacques Badois a dû ressentir lui aussi de faire vivre quotidiennement un patrimoine culturel qui nous a été transmis ; c’est un défi exaltant de le transmettre à son tour tout en l’inscrivant dans l’époque actuelle.
Fille d’un instituteur de l’école publique, laïque et obligatoire comme je l’écrivais obstinément à chaque fois que l’on me demandait mon adresse, j’ai longtemps cru avoir rejeté l’idée de transmission, de pédagogie ou de partage des savoirs. Plus versée dans la gestion hôtelière ou la communication, je préférais voyager à l’étranger que de m’inquiéter de l’accès à la culture pour tous. Jusqu’au jour où j’ai découvert Saintes, son abbaye, son festival, cette ville à la lumière si particulière.

Les premiers temps, il a fallu apprivoiser l’histoire de la ville, celle du site et la chose musicale. Autant dire un monde. Très vite, au-delà de l’émotion provoquée par le « Beau », j’ai pu constater le hiatus entre les musiciens classiques et la majorité du public. Le musicien classique est comme le matheux, comme le spécialiste de l’architecture médiévale, et peut-être devrais-je dire comme tout érudit, il s’exprime avec un langage compris de lui seul, ou d’un nombre restreint d’initiés. Et pourtant dans le même temps, les plus belles pages de la musique, ou la construction au fil des siècles d’un lieu aussi beau que l’abbaye aux Dames – ces langages musicaux et architecturaux sont porteurs d’une force symbolique et émotionnelle qui mérite d’être mieux partagées. Et c’est la question du comment mieux partager, mieux faire connaître, donner au plus grand nombre les mots pour s’approprier ces langages qui m’anime depuis vingt ans. Et je ne parle pas de ces multiples ateliers de sensibilisation dont le milieu culturel et les ministères successifs ont été particulièrement friands ces dernières années. Je parle d’un questionnement plus essentiel sur la place des arts et leur représentation dans notre délirante société de consommation et de divertissement.

Pascal Quignard en 1979 écrivait : « La musique est la seule langue qui puisse se passer de langage ». Certes mais encore faut-il appartenir à la communauté qui pratique cette langue.

Poursuivre avec vous ce questionnement sur la langue du partage des savoirs sans doute est-ce là ma légitimité à siéger dans cette sympathique compagnie, en essayant de répondre avec vous à la question « comment œuvrer pour le rayonnement de notre région » ?

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