Panorama de l’année culturelle Saintongeaise en 2010

Panorama de l’année culturelle Saintongeaise en 2010

Par Marie-Dominique Montel, directeur en exercice

Mesdames et messieurs, chers amis, bienvenue à tous. Je déclare ouverte cette cérémonie des Prix de l’Académie de Saintonge, qui nous rassemble pour couronner les personnalités charentaises de l’année dans le domaine de la culture. « Ces charentais que le monde nous envie » comme nous le disons parfois en souriant. Nous ne croyions pas si bien dire ! Cette année, le charentais qui reçoit notre grand prix, le Monde nous l’enviait tant que depuis un bail ce journal l’a choisi comme directeur de la publication.
Ces prix et médailles -14 au total – qui vont récompenser les plus excellentes réalisations, sont la partie visible du travail de l’Académie. Au long de l’année, les académiciens repèrent, étudient, sélectionnent les plus beaux fleurons de notre vie culturelle. C’est la vocation de l’Académie de Saintonge, soutenue dans son action par des aides publiques et privées. Et je tiens à remercier le département de Charente-Maritime qui épaule notre Académie depuis de longues années. Il nous faut remercier aussi la ville de Saintes qui offre à nos rendez-vous le cadre de cette salle Saintonge dont le nom nous va si bien, et tous ceux, collectivités locales, journaux, entreprises ou personnalités privées qui nous aident à financer les prix et à les faire connaître.
Je les remercie spécialement à l’issue de cette année compliquée pour les budgets publics dont les difficultés se sont répercutées évidemment aussi sur la culture. Je les remercie car grâce à eux l’Académie de Saintonge, malgré les secousses et même un fort tangage, a pu se maintenir à flot et vous présenter aujourd’hui un Palmarès aussi riche que les années précédentes. Et même davantage puisque, si nous avons perdu deux mécènes, il y a trois nouveaux prix dans ce palmarès 2010 que vous allez bientôt découvrir, un « prix de la Haute Saintonge » lié à la générosité du sénateur-maire de Jonzac, monsieur Claude Belot ; un « prix de la Mer/Aquarium -La Rochelle ». Depuis longtemps l’Académie souhaitait un prix tourné vers l’océan, c’est chose faite grâce à madame Roselyne Coûtant dont la famille a créé l’aquarium et fonde aujourd’hui ce nouveau prix. Enfin un « prix Cognac Chabasse » offert par le directeur d’une maison qui remonte à 1818, et qui s’ajoute à notre Palmarès cette année. Ce sont des créations qui nous font bien plaisir parce qu’elles manifestent le soutien des acteurs régionaux à l’action de notre Académie et nous permettent de la développer. Ainsi l’an prochain nous accueillerons un « prix Jacques et Marie-Jeanne Badois», à l’initiative de Christine Sebert, fille de notre collègue Jacques Badois et de son épouse récemment disparus. Le prix commémorera leur attachement à l’Académie, leur œuvre à La Roche Courbon, et récompensera à partir de 2011 les restaurations exemplaires.
Je voudrais vous parler aujourd’hui plus longuement des académiciens et de l’Académie. J’ai de l’entrainement, vous vous en doutez, mais permettez moi de profiter de votre présence pour faire une sorte de répétition générale et me préparer à une épreuve intimidante puisque l’Académie de Saintonge, en la personne de sa directrice se trouvera bientôt à Moscou, un peu impressionnée je dois l’avouer, en compagnie de madame Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, et du président de l’Académie russe des Beaux arts, monsieur Zourab Tsereteli. Nous évoquerons, je l’espère, les visites que ces éminentes personnalités pourraient nous rendre ici-même lors d’une prochaine édition de ces Prix de l’Académie. De fil en aiguille, la conversation portera sur nos activités. Comme le disait si pertinemment Maurice Chevalier, dans son opus célèbre Quand un vicomte rencontre un autre vicomte … nous nous raconterons des histoires d’Académie ! Et au delà des différences de taille, d’ancienneté, de prestige, (des critères selon lesquels nous sommes évidemment bien modestes) je chercherai pour mes interlocuteurs à mettre l’accent sur ce qui nous rassemble comme la défense et l’illustration de la culture, domaine dans lequel notre petite Académie de Saintonge tient son rang.
Il en est de plus antique. Certaines académies ont vu le jour sous l’ancien régime, c’est le cas de l’Académie de la Rochelle dont le président, Jean Flouret est également membre de l’Académie de Saintonge. Il en est de plus éminentes comme l’Académie des sciences morales et politiques qui fait partie de l’institut de France et siège quai Conti, aux côtés de l’Académie française. Son actuel président Jean Mesnard est également membre de l’académie de Saintonge. L’un de mes prédécesseurs, directeur de cette Académie, Pierre Henri Simon qui était également membre de l’Académie française nous appelait avec affection sa « petite académie ». La grande Académie, elle, a le privilège d’établir le dictionnaire de la langue française dont deux gros volumes vont paraître prochainement. L’Académie de Saintonge n’a pas cette envergure. Dans le domaine des mots, nous ne faisons pas la loi. Ce qui ne veut pas dire que nous ne nous y intéressons pas. A notre saintongeais bien sûr mais aussi au français. Ainsi, l’an dernier le journal Sud-Ouest par l’intermédiaire de la rubrique Le piéton de Royan s’est adressé à notre Académie pour dénommer le vent de sable qui déferle parfois sur le front de mer, deux de nos collègues François Julien-Labruyère et Jacques Bouineau ont associé leur réflexion pour proposer la dénomination ventée de conche. Autre exemple de la créativité langagière de notre Académie, Bernard Mounier a inventé un magnifique mot tiroir pour terminer les missives de l’Académie qui sont adressées à des personnes pour qui nous éprouvons de l’amitié. Il s’agit du très bel adverbe académicalement que nous utilisons maintenant régulièrement. Cet académicalement que je crois promis à un bel avenir, je me promets de le soumettre en notre nom à l’Académie française lorsqu’elle en reviendra à la lettre A (Ce qui prévu dans quelques dizaines d’années).
Plus sérieusement, c’est dans le domaine des prix que nos fonctionnements se rapprochent. Madame Carrère d’Encausse me disait comment le Grand prix de l’Académie française est choisi chaque année parmi les suggestions des académiciens qui soumettent au scrutin de leurs collègues les lectures qui les ont enthousiasmés et leurs découvertes de la saison. Eh bien voyez vous, c’est également ainsi que procède l’Académie de Saintonge pour désigner ses lauréats, au cours de plusieurs réunions de travail. Etre académicien évidemment ce n’est pas un métier ; les 25 membres de l’Académie de Saintonge ont tous par ailleurs des activités prenantes. Vous trouverez dans la brochure, la liste de leurs travaux et réalisations depuis notre dernière cérémonie des prix en octobre 2009. Et notre nouvelle académicienne, Odile Pradem Faure, n’échappe pas à la règle : elle est directrice de l’Abbaye aux dames.
Pourtant, je me demande parfois quand je vois les taches académiques accomplies par certains d’entre nous, si l’Académie finalement, ce n’est pas aussi une profession. Elle a ses codes, ses grilles d’analyse, de réflexion, ses travaux d’écriture à produire pour les discours et l’élaboration du palmarès. Depuis cette année, elle a ses conférences pilotées par Jean Combes et Bernard Mounier. Ils nous ont proposé pour leur première saison des Conférences de l’Académie de Saintonge, pas moins de 5 soirées passionnantes auxquelles vous avez été nombreux à assister. Leur programme 2010-2011 est sous presse mais je crois savoir qu’il sera également brillant et vous permettra de suivre les réalisations de nos collègues ou de nos lauréats.
Les académiciens sont donc formidables, et pour mieux vous le prouver aujourd’hui je voudrais saluer spécialement l’un d’entre eux. Un homme exceptionnel bien sûr comme tous les académiciens. Ses talents d’écrivain nous sont connus ; il a publié de nombreux ouvrages dont le style et la fantaisie sont un bonheur de lecture. C’est aussi un artiste de grande qualité aux aquarelles lumineuses et transparentes qui rendent si bien les ciels et les paysages marins ou champêtres de notre région. Avant de vous dire son nom, j’ajouterai qu’il a une autre corde à son arc, une qualité rare, qui à elle seule ne lui aurait sans doute pas permis d’entrer à l’Académie, mais qu’il est à ma connaissance le seul d’entre nous à posséder et… qu’il a eu la modestie de nous cacher jusqu’ici. Je ne l’ai découvert que dernièrement, et vous l’ignoriez sans doute aussi, notre Académie de Saintonge compte dans ses rangs un grand sportif, qui a participé aux jeux olympiques. Il représentait les couleurs de la France dans l’équipe de hockey sur gazon. C’était en 1936 aux jeux olympiques de Berlin. Il avait 17 ans. Je vous demande d’applaudir très académicalement Michel Danglade, sportif, écrivain, peintre de la marine et doyen de notre Académie.

Nous allons maintenant passer à l’autre temps fort de cette journée, la réception d’une nouvelle académicienne, Odile Pradem-Faure, élue au 16e siège de l’Académie. Directrice de l’Abbaye aux Dames de Saintes, haut-lieu de la musique et de la culture en Charente Maritime, son élection porte à 7 le nombre des femmes qui siègent dans notre compagnie. Odile Pradem-Faure apporte à l’Académie son regard et ses compétences dans la valorisation des activités culturelles et du patrimoine comme son prédécesseur, notre ami Jacques Badois disparu en 2008. Son discours de réception sera prononcé par un autre membre de l’Académie de Saintonge, François Julien-Labruyère, ancien directeur de cette Académie, mon très brillant prédécesseur pendant 10 ans et aujourd’hui président du festival de Saintes.

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