Jean-Luc Terradillos pour L’Actualité Poitou Charentes
Rapport d’Alain Quella-Villéger
Couverture L’Actualité Poitou CharentesEst-ce la première fois que l’académie récompense une revue ? L’Actualité Poitou-Charentes, publication trimestrielle basée à Poitiers dont le titre est un triple programme, est soucieuse d’ouverture, de décloisonnement, convaincue que son terroir est celui de la créativité et son projet affiché de « rendre la complexité accessible ». On y est au cœur d’une réflexion scientifique à caractère régional, soucieuse de traquer « les fragments de réels » et de leur donner sens et convivialité et qui « s’inscrit dans un territoire, sans faire l’économie d’une pensée globale ». C’est une revue originale, unique en France pour ses qualités esthétiques comme par l’exigence de ses contenus et sa manière transversale de dessiner une géographie culturelle qui transgresse les frontières quelles qu’elles soient et qui s’approche de son centième numéro ! Disons-le d’emblée, L’Actualité Poitou-Charentes n’est pas une revue saintongeaise ou soucieuse de folklore. Et pourtant, grâce à ses nombreuses collaborations, phtographies et entretiens, elle visite généreusement le pays charentais. La consultation de son site internet pourra convaincre chacun de la richesse de ce gisement à ciel ouvert et il suffit d’ouvrir le numéro consacré à Vauban ou bien à la mer, ou encore autour de la tempête Xynthia pour admirer l’ample travail fourni.
Cette revue atypique a un rédacteur en chef, je devrais dire une âme, depuis 1990, un journaliste qui officia à la Charente Libre, toujours attentif à échapper à la tentation identitaire, « à l’approche strictement régionaliste qui conduit au repli sur soi », comme il s’en explique. Jean-Luc Terradillos est de toute façon, de mon point de vue, à la croisée de quatre points cardinaux : l’Espagne des grands-parents paternels immigrés dans les années 30 ; Loudun, où il est né en 1957 ; l’île de Ré du Martray où ses parents ont un attachement fort depuis les années 60 ; et, j’ajouterai, le généreux compagnonnage affectif d’une prénommée Dominique. Bref, point écartelé l’individu Terradillos, mais au contraire parfaitement à l’aise, capable de vanter avec autant de passion et de compétence le goût de la jonchée que la pensée d’Edgar Morin ! Vous pouvez lui poser des questions sur la confiture de melon d’eau, il est incollable ! Cela suffirait pleinement pour qu’il mérite ce prix du Patrimoine…