Philippe Julien-Labruyère pour Lumières romanes, éd. Arléa-Croît vif
Philippe Julien-LabruyèreLa terre de Saintonge est terre romane. Sa lumière, sa pierre portent les hommes depuis des siècles à la contemplation presque familière de ces églises qui éclairent nos chemins de Charentes. En effet, la clarté de ces édifices détient la grâce tout autant que la simplicité, le sublime autant que l’humble ; et elles sont presque devenues évidentes à nos yeux !
Ce livre collectif a le talent immense de nous offrir un regard sensible sur ces refuges romans qui tissent l’histoire de notre pays saintongeais. Et c’est avec un œil respectueux qu’il approche de ces « vigies minérales », attentif à l’éphémère qui se conjugue à l’intemporel, au gré de la lumière des saisons. En effet, ce qui rayonne de ces photographies, c’est le subtil travail du temps –qui use et embellit à la fois- et la grâce infinie qui en rejaillit. Jamais Talmont n’est peut-être autant en vérité que dans ce moment saisi par le photographe, dans l’humidité de la brume mystérieusement sereine.
La préface d’Eric Fottorino fait monter avec beaucoup de finesse les résonances de l’art roman dans ces églises-repères avec ce mot qui a le don de nous donner envie de les visiter à nouveau : « le roman se replie sur soi pour mieux vous écouter, pour mieux vous entraîner à l’intérieur de vous. » Les images de cet ouvrage ont su saisir cette musique silencieuse que les jeunes musiciens et le public du festival de Saintes viennent chercher le temps d’un concert, un après-midi d’été. Les tons varient dans le regard, les ornements se font plus expressifs, le rythme change au fil du temps. Infini recommencement.