Judith Rapet pour La grande lessive, ed. Le passage des heures

Judith Rapet pour La grande lessive, ed. Le passage des heures

Judith-RapetRapport Marc Seguin

Si Judith Rapet enseigne la musique, elle est aussi historienne, romancière, ethnologue. Le désir d’étudier le passé lui est venu quand elle suivait les conférences jonzacaises de l’Université francophone d’été Saintonge-Québec organisées par Jean Glénisson. Son domaine de prédilection ? Le sien, la Saintonge méridionale et ce pays dont le nom même est à peu près oublié, le Petit Angoumois, autour de Baignes et de Chevanceaux, un vaste territoire où les pins ont trop souvent remplacé les hommes, avec, au point de départ, le merveilleux fonds de Crussol d’Uzès conservé aux Archives départementales. Historienne, donc. Connaissez-vous Vanzac, quelque part au sud de Jonzac ? Ouvrez Mémoires des gens de Vanzac au fil des siècles préfacé par F. Julien-Labruyère. Romancière ensuite, avec une suite déjà longue d’ouvrages depuis Michelle la rebelle.
Tous ont un point commun : l’héroïne est une femme, souvent accablée par les soucis de la vie : le mari, les maternités incessantes, les soins aux enfants, le travail qui ne connaît aucun répit, les décès, la vieillesse qui vient trop vite. Mais chez Judith Rapet, ces épouses ne sont ni soumises, ni résignées, ce sont déjà des femmes libres (trouvées dans les archives du XVIIIe s !) qui choisissent leur sort et osent vivre en dehors des interdits, dans le scandale comme on dit alors. Voyez la dernière, Jeanne, héroïne de Mariés par testament, repérée après un long travail d’archives, entourée de personnages réels, qui déroule une partie de son existence dans les champs de Courcouteaux, une plaine immense, balayée en hiver par un vent glacé. On sait bien que l’objectivité de l’Histoire n’existe pas tout à fait dans la mesure où l’auteur choisit son sujet. Judith Rapet a choisi le sien : la Saintongeaise d’autrefois, à condition qu’elle se détache du lot.
Nous accorderons une mention particulière à La grande lessive. Histoire de la bujhée dans les deux Charentes, un ouvrage préfacé par P. Even, dont le texte est de Judith Rapet, les poèmes de Colette Moreau, avec les merveilleuses photos de Jean-Marie Grasset. Y avait-il activité féminine et collective plus inévitable et plus épuisante ? N’est ce pas pénétrer là au cœur même du monde des femmes des Charentes ?

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