Gérard Moitrieux et Pierre Tronche, pour « Saintes, la cité des Santons et Angoulême »
Prix de la Ville de Saintes
Gérard Moitrieux et Pierre Tronche, pour leur livre sur la sculpture antique : « Saintes, la cité des Santons et Angoulême »
Rapport : Alain Michaud
On n’a aujourd’hui qu’une idée imparfaite et fragmentaire des étonnantes richesses retirées du sol et du rempart gallo-romain de Saintes ; faute d’un véritable musée archéologique, celles-ci étaient présentées de façon spectaculaire mais incommode et peu didactique dans le lapidaire du quai de la Charente, entassées voire empilées dans les hangars de la Sncf, ou, pour certaines, déposées sur des ronds-points de la ville. Actuellement, l’état inquiétant du musée a nécessité le déménagement des collections qu’il renfermait dans un entrepôt qu’on espère provisoire.
En contrepoint, deux archéologues, Gérard Moitrieux, professeur émérite de l’université de Brest et Pierre Tronche, enseignant chercheur retraité, élève du professeur d’antiquités Louis Maurin, et qui a dirigé les sondages du camp romain d’Aulnay de Saintonge, ont mené pendant trois ans de scrupuleuses investigations jusqu’aux États-Unis pour nous livrer dans un très beau tome, le cinquième du Recueil général des sculptures sur pierre de la Gaule, l’inventaire et l’étude exhaustive des productions gallo-romaines de ces deux cités. Encore que de l’avis même des auteurs, ⅓ environ des œuvres aient été vendues, dispersées ou perdues.
L’ouvrage qui comprend plus de 200 pages et 186 planches, paraît dans une collection éditée par la prestigieuse Académie des inscriptions et belles lettres, gage du grand sérieux de ce travail.
En attendant le futur musée archéologique saintais que l’on espère depuis si longtemps, ces deux chercheurs nous livrent, dans un musée imaginaire que n’aurait pas désavoué André Malraux, le panthéon de la cité saintaise, avec ses dieux et ses déesses mères, les scènes de la vie quotidienne sculptées sur les stèles funéraires, en fait toute une partie du visage ressurgi de Mediolanum. Espérons que nous n’aurons plus longtemps à attendre avant d’admirer toutes ces œuvres, enfin réunies sous nos yeux et présentées dans des locaux dignes d’elles.