Patrick Colin et Patrice Desenne, pour leur film « Apocalypse eau »
Prix de la Ville de Marennes
Patrick Colin et Patrice Desenne, pour leur film Apocalypse eau (2019)
Rapport : Jean-François Girard
« De la Vendée à l’embouchure de la Gironde, la terre et la mer se pénètrent et se mélangent dans un superbe jeu de formes et de lumières. » Dès la première phrase de leur film, Apocalypse eau, Patrick Colin et Patrice Desenne nous plongent au cœur d’un affrontement où l’homme joue un rôle essentiel et dont l’issue est incertaine.
Partant de la fragilité économique du monde de la production d’huitres et de moules sous la menace du réchauffement climatique, de l’acidification et de pollutions chimiques mais aussi des entreprises de l’homme bâtisseur qui multiplient les activités de déroctage, le film analyse les rapports entre l’eau douce et l’eau de mer dans ces territoires que l’on nomme marais. Mais derrière le marais, les grandes étendues de culture intensive (à partir de semences du catalogue, plus fragiles que les semences traditionnelles) consommant d’énormes quantités d’eau et, soutenues par le recours à des engrais solubles, nécessitent le retour à une agriculture maîtrisée et respectueuse de l’environnement. Des solutions existent pour assurer la qualité préventive de l’eau, l’irrigation parcimonieuse confiée au système racinaire des arbres ou encore l’intervention des acteurs publics comme le Conservatoire du Littoral. Elles ne seront possibles que si un dialogue entre tous les acteurs devient la règle.
Le film de P. Colin et P. Desenne, rigoureux sans être jamais ennuyeux, séduisant par les images de cette côte qui est la nôtre, vient à son heure : la prise de conscience des risques encourus au cours de ce XXIe s. a besoin d’avocats. Ce film en est un – et un excellent !