Giuliano Ferretti pour la publication raisonnée des Lettres aux frères Dupuy et à leur entourage 1623-1662 de Philippe Fortin de La Hoguette

Rapport de Jean Mesnard

 

À la suite d’une longue fréquentation, il s’est établi de remarquables affinités entre Philippe Fortin de La Hoguette et Guiliano Ferretti. Le premier, gentilhomme normand, né en 1585, entré dans la carrière des armes, devint très tôt Saintongeais d’adoption et se fixa en 1635 dans le fief de Chamouillac, près de Montendre. Le second, brillant historien italien, maintenant professeur à l’Université de Lausanne, est devenu lui aussi, par attachement à Fortin de La Hoguette, un peu saintongeais, familier de la demeure jonzacaise de Jean Glénisson. Mais ce n’est pas d’abord par une personne et une vie qu’il a été attiré, quoiqu’il ait composé de son héros, qu’il appelle «soldat – philosophe» une excellente biographie (1988). C’est par le milieu intellectuel parisien qu’il a fréquenté, par la fameuse Académie des frères Dupuy, dont je caractériserais l’esprit, non pas par le mot d’érudition, encore moins par celui de libertinage, mais plutôt par celui d’humanisme, à tous les sens du terme. Giuliano Ferretti y a trouvé des traits qui lui sont propres, le goût du savoir qui fonde, à travers l’Europe, l’unité de la République des Lettres, où l’on apprécie par-dessus tout l’échange intellectuel sous les formes de la conversation et de la correspondance.
Voilà pourquoi Giuliano Ferretti nous a procuré une édition des lettres de Fortin de La Hoguette aux frères Dupuy et à leur entourage : fruit d’enquêtes subtiles, monument de science précise. Mais par-dessus tout, c’est la pensée politique de son héros et de ses amis qui a retenu l’attention de Giuliano Ferretti. Son travail rigoureux aboutit à cet égard à des résultats très neufs : ni Fortin de La Hoguette ni la plupart de ses amis n’ont été à l’origine des soutiens de l’absolutisme et des partisans inconditionnels de Richelieu. Fervents monarchistes, ils n’en sont pas moins soucieux de liberté et mettent par-dessus tout les exigences de la loi. Cette autre forme d’humanisme convient aussi fort bien à Giuliano Ferretti. C’est un peu par surcroît, mais pour notre bonheur, que son édition apporte en même temps l’un des témoignages les plus importants qui aient été publiés de longue date sur la Saintonge du passé. Voilà bien des raisons pour que notre Académie lui fasse tout l’honneur qu’il mérite.

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