La famille Boutinet pour la rénovation et l’animation de l’abbaye de Fontdouce

Rapport d’Alain Michaud

 

S’il existe un nom qui symbolise la Saintonge et sa douceur, c’est bien celui de Fontdouce. Nichée dans un creux d’herbes, de grands arbres et d’eaux vives, cette antique abbaye fondée au XIIe siècle résume par la grâce de ses ruines fleuries, la bonhomie de sa maison bourgeoise, la courbe de son vallon boisé, toute la modération, l’harmonie et l’amabilité de notre province. Fontdouce s’incarne dans une famille, celle de Robert Boutinet. Les ruines de l’abbaye appartiennent à ses ancêtres après l’achat du domaine à un marchand de biens au début de l’Empire. Robert Boutinet, qui reprend la propriété en 1927, ne se contente pas d’en gérer l’exploitation viticole. Cet homme intègre et lettré, qui a fait des études de droit, s’identifie au monastère, se passionne pour son passé, pour la Saintonge, ses monuments, ses abbayes… Il n’a de cesse de tirer Fontdouce de l’oubli et de protéger ses ruines. Il recherche son histoire, édite un opuscule, fait classer en 1958 les parties gothiques du monastère et affilie le monument aux Vieilles Maisons françaises.
Tel un ermite du Moyen Âge, Robert Boutinet reste douze ans seul dans son abbaye, après la mort de son épouse. II s’est hélas éteint il y a quelques mois et nous sommes désolés qu’il ne puisse être parmi nous, au milieu de ses enfants, à La Roche-Courbon, pour recevoir ce prix. Mais l’oeuvre qu’il a initiée n’a pas été vaine. Après le partage de ses biens, réalisé de son vivant, à la fin des années 1960, ses fils ont entrepris avec l’aide de l’État et du Conseil général, d’importants travaux de restauration dans le parloir, les chapelles romanes, la magnifique salle capitulaire arrachée aux remblais et à la terre. Je me souviens d’avoir, l’espace d’un après-midi, participé aux travaux de déblaiement de ce beau vaisseau gothique et d’y avoir vu lentement sourdre la Fontdouce qui, aujourd’hui canalisée, le traverse.
Ce prix vient donc distinguer une ceuvre familiale. Comme me disait l’un de ses fils, Robert Boutinet en a été la cheville ouvrière. Mais nous tenions tout naturellement à lui associer ses enfants qui continuent et amplifient une si belle tâche : faire vivre et travailler ce domaine, restaurer l’abbaye, en reconstituer les jardins, en faire jaillir les eaux et les fontaines, symboles de sa résurrection.

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