Maryse Guedeau pour son magazine Xaintonge
Pour Maryse Guedeau, qui a fondé cette revue au beau papier glacé, « Xaintonge est un magazine intello rural ». C’est un plaisir de le découvrir car il a belle apparence et, surtout, il traite de sujets locaux, dont la culture de la vigne détaillée sous ses divers aspects. Ainsi, se suivent grandes et petites histoires au gré d’articles documentés. Le parcours de Maryse n’était pas inscrit dans les astres ! Après des études de droit à Poitiers (DEA, Sciences-Po), elle s’installe à Paris où elle évolue dans le milieu journalistique : mari, beau-père, copines ! Elle est, entre autres, rédacteur en chef de la Lettre de la Décentralisation, destinée à informer les communes. La capitale l’attire jusqu’au jour où elle réalise que la campagne serait un cadre plus agréable pour élever ses deux filles. D’accord, mais il faut bien vivre ! Elle décide de créer un journal qui « mette en valeur le monde rural, montre la richesse et la culture du terroir charentais-maritime à laquelle il ne faut pas renoncer au risque de perdre définitivement son âme ». Avant d’être universitaire et journaliste, « je suis avant tout une petite-fille de paysans », dit-elle. En juin 1997, sort le premier numéro de Xaintonge consacré au patois, bientôt suivi du second qui rend hommage à notre gastéropode préféré, la cagouille. Le succès est au rendez-vous. Dès septembre 1998, Maryse revient définitivement dans la région, avec sa famille. Aujourd’hui, Xaintonge a sept ans d’existence. Il est en kiosque tous les six mois pour une simple raison technique : « Je ne peux pas faire plus physiquement ». Ses motivations n’ont pas pris une ride : « Il s’agit de fédérer un large public autour d’un thème et d’un parler que tout le monde reconnaît, de La Rochelle à Limoges, de Poitiers à Bordeaux en passant par Périgueux. Mon objectif est de développer, de façon agréable, complète et instructive, des sujets de notre environnement quotidien, arbres, huîtres, moules, vigne, élevage du goret, mais aussi estuaire de la Gironde, chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc ». Tous les reportages sont pimentés de mots de patois, « cette langue qui enchante, détend et fait rire ». Maryse Guedeau vit une belle aventure, courageuse de surcroît car chacun sait que la presse est un domaine difficile. Elle reste optimiste car elle aime ce qu’elle fait : « Xaintonge touche toutes les classes sociales, des ruraux aux érudits. Pour moi, c’est une façon de réconcilier les deux mondes, un fantasme d’enfance ! ». Le thème traité dans son dernier numéro est le sel, production qui favorisa l’économie régionale dans les siècles passés. Elle travaille également au grand dictionnaire patoisant et, pour ceux que le sujet intéresserait, elle a écrit une Histoire de la betterave à sucre…