Laurent Millet pour l’ensemble de son œuvre
Laurent Millet a choisi les bords de la « rivière ». C’est ainsi que les marins, depuis la nuit des temps, appellent la Gironde. Des rives de cette dernière – il vit ordinairement à Mortagne-sur-Gironde – il explore les recoins des prés, prospecte les falaises mortes, ausculte l’écho du ressac. Chaque habitant de la contrée, jusqu’au plus minuscule, niché sur un brin d’herbe, fait l’objet des soins inattendus de son regard. Ai-je évoqué son attrait pour les vases à marée basse ?
Il est un explorateur attentif de l’univers, dont la modestie du territoire qu’il s’y est attribué, n’a d’égale que l’immensité de son imagination. Il recompose le monde à la guise de ses rêves, lesquels – miracle ! – il s’acharne, avec succès, à faire partager au plus grand nombre, de La Rochelle à New York et San Francisco, de Paris à Toulon et Sao Paulo, de Saintes à Madrid et Tokyo, bientôt en Inde…
En perpétuel état de lévitation, il est à la fois photographe, comédien de lui-même, dresseur de mouches, assembleur de couleurs d’une improbable concordance, sculpteur de nuages en cage, constructeur de petites machines surréalistes. Il entre dans la rare catégorie des artistes inspirés, désireux de donner un coup de pinceau à la vie, afin qu’elle devienne le décor de nos souhaits.
Il est un créateur d’espaces oniriques, ouverts à la curiosité des éveillés et à la découverte des émerveillés. Les visiteurs n’en sortent pas indemnes : chaque pas, dans l’une de ses installations, vaut recette pour un nouvel art de vivre, à portée de vue…Ainsi, l’été dernier, il a transformé le vieux clocher roman de Saint-Palais-sur-Mer en un Cabinet d’illusions optiques sous titré Un estuaire et ses mirages.
Le Pays Royannais est un espace de rivages, entre Seudre et Gironde, l’Océan à l’unisson. De nombreux artistes ont puisé l’eau de ce pays comme source de leur inspiration. Seuls quelques créateurs savent en restituer la magie, et parmi eux Laurent Millet. Son œuvre est à l’aube de sa journée, mais déjà elle impose sa lumière. Suffisamment vive, pour que l’Académie de Saintonge ait décidé de lui attribuer sans attendre le Prix Madeleine Chapsal.